Japon, policier
Quel plaisir de retrouver la plume de l’auteur pour une nouvelle enquête qui nous emmènera de Tokyo à la province d’Aichi (Nagoya).
J’ai aimé les deux enquêteurs : Godai le plus expérimenté et Nakamachi le jeune qui ne lâche pas l’affaire. Mais Godai m’a exaspérer à répéter que les femmes sont toutes des comédiennes.
J’ai découvert que lors des procès eu Japon, les victimes n’avaient pas le droit de citer. De puis peu, une instance spéciale a été créée : le système de participation des victimes.
J’ai appris qu’il existait un Jour du respect des anciens, avec une date précise chaque année, le 3e lundi de septembre.
Dans ce roman, les personnages se posent la question de la durée de prescription des crimes qui semble exister depuis peu dans le pays.
J’ai aimé que la fille de la victime et le fils de l’assassin ne croient pas au déroulé des faits ; que chacun cherche de son côté, et qu’ils finissent par se rencontrer.
Bien sûr, j’ai aimé retrouver des quartiers de Tokyo que j’avais visité au printemps : le quartier chic de Ginza, le quartier manga Akihabara, le shinkansen…
Et je n’en reviens toujours pas de la pollution lente des japonais qui, entre autre et dans le roman, boivent sans cesse du café dans des gobelets en carton.
Bref, j’ai aimé que dans ce polar, ce soient les enfants qui enquêtent sur la base de leur intuition concernant leur parent.
L’image que je retiendrai :
Celle du restaurant Asunaro dans lequel tous se retrouvent à des moments différents : fils et fille de victime ; policiers.
épuration
Je dois dire que mon avis est assez ambivalent concernent cette lecture.
J’ai à la fois aimé et détesté le style : la narratrice est Simone, une jeune femme qui a de l’instruction (elle a été la meilleure de son département au Bac), mais pas d’éducation (elle ne discute pas, elle cause ; l’enfoiré de poulet lui sort des phrases…)
J’ai eu de la compassion pour Simone qui grandit dans une famille sans amour, ayant fait faillite deux fois, et dont les parents ont baissé les bras. Seule sa sœur aîné Madeleine lui vient en aide.
J’ai compris ses désirs de vengeance, sa colère omniprésente, et son énergie mise à s’en sortir.
Mais je lui en ai voulu de ne pas ouvrir les yeux sur le monde dans lequel elle vivait : l’antisémitisme, le nazisme. Se fascination m’a paru bien naïve mais en même temps si compréhensible : elle voulait être partie prenante de quelque chose de Grand.
J’ai bien sur été outrée quand les anciens dorioristes devenus résistants criaient les plus forts et étaient les plus virulents.
Quelques détails m’ont interpellés : la librairie où travaille Otto brûle, mais quelques pages plus tard il continue d’y travailler. La famille de Simone est sensé habiter un appartement avec des voisins au-dessus, mais les chambres sont à l’étage.
J’ai souri des bouillons verts que Madeleine cuisine pendant la guerre avec des fanes de légumes, pour changer des racines à bestiaux (rutabaga et autres).
J’ai aimé l’attachement de Simone à la cathédrale, comme un point de repère dans sa ville et dans sa vie. J’ai moins compris les apparitions de la petite fille blonde.
Bref, une lecture et un personnage de Simone qui se montre dans toute sa complexité, et ça fait du bien.
L’image que je retiendrai :
Celle des soins de Simone gorgés de lait lorsqu’elle se fait arrêter par les tondeurs, tous des hommes. Ce qui la sauve de la barbarie ambiante est de ne penser qu’à sa fille.
Etats-Unis, famille
Disons-le tout de suite, cette lecture m’a mis mal à l’aise à cause de la violence omniprésente : un père qui bat femme et enfants, un pasteur qui appelle à la haine, un employeur raciste, des ados qui boivent pour oublier, des adultes qui se taisent, un jardin rempli de petits os de mammifères.
J’ai eu du mal à cerner Abigail, la jeune fille qui disparait une nuit de septembre dans la petite ville de Whistling Ridge dans le Colorado.
J’ai eu de la peine pour ses frères : Noah l’aîné qui n’a pas pu partir à la fac, et Jude le dernier à la jambe cassée. Leur mère m’a énervé à cause de sa mollesse.
Bien sûr, j’ai détesté le père, revenu du Vietnam bien abîmé, qui se complait dans un culte chrétien adapté à sa petite personne dans lequel il décide qui doit faire quoi ; son reproche omniprésent envers les autres de na pas avoir le cran ; son enfance sous la coupe de sa mère ogresse, ses coups de pieds dans l’arrière des chevilles de sa femme. Bref, un homme qui cherche à faire mal parce qu’il souffre lui-même beaucoup sans le comprendre.
J’ai aimé Rat, le jeune roumain venu d’Angleterre qui habite dans le village des caravanes, un peu en marge. J’ai aimé qu’il appelle les filles Draguta : mignonne.
Je n’ai pas aimé le shériff de la ville que j’ai trouvé bien mollasson.
Et je n’ai pas aimé non plus le gros employeur de la ville qui semble diriger tout le monde en sous-main.
Et pourtant, malgré tous ces personnages détestables, j’ai suivi avec passion cette étrange disparition : avant et après, les deux temporalités s’entremêlant tout au long du récit.
J’ai soupçonné tour à tour à peu près tous les hommes du village, imaginant même qu’Abigail n’était pas morte, mais j’ai été scotché par le coupable.
Un roman noir sur le racisme et la foi dans une petite ville américaine.
Quelques citations :
mais les hommes, on leur laisse le droit de grandir avec la certitude que le monde leur appartient, tandis que les femmes n’ont pas cette option. Alors quand vient la quarantaine, ils se demandent pourquoi la promesse ne s’est pas encore réalisée et, si une femme a le malheur de se trouver sur leur chemin, elle en prend plein la figure. (p.104)
de ces gens tellement furieux que Jésus ne les change pas en vin. (p.260)
Dieu, il vient toujours à point pour pardonner aux hommes les horreurs qu’ils font aux femmes. Mais Il n’empêche jamais que les femmes les endurent, ces horreurs. (p.346)
L’image que je retiendrai :
Celle de la croix couverte de pierreries qui cache le trou dans le mur fait par le poing du père.
policier, Athènes
J'ai aimé lire cette enquête du capitaine Markou que je découvre avec ce titre.
J'ai aimé le suivre dans les rues de la capitale et les appartements des victimes.
J'ai aimé les crimes tous différents, même si l'auteur révèle des indices dès le début du roman.
J'ai aimé la fin et l'attitude dépitée de l'un des coupable.
Et j'ai été triste que les personnes âgées soient si invisibles.
Pourtant, il ne me restera pas grand chose de cette lecture sympathique.
Israël, policier
4e enquête d’Avi Avraham que je lis toujours avec plaisir.
J’ai aimé qu’il se pose des questions sur son statut de simple enquêteur : ne devrait-il pas, à son âge, occuper un poste plus haut placé ? Ne devrait-il pas résoudre des enquêtes à la portée plus nationale ?
Il est maintenant marié à Marianka, et leur couple est beau à voir lire.
J’ai aimé que deux enquêtes se déroulent en même temps : celle de l’homme disparu de son hôtel, et celle du bébé déposé devant l’hôpital.
J’ai à la fois détesté Liora et eu de la peine pour cette mère qui, sous couvert de défendre sa fille, ne cherche qu’à faire la lumière sur la mort accidentelle de son mari. J’ai détesté qu’elle se serve de la détresse de sa fille pour arriver à ses fins.
J’ai détesté que Liora surnomme l’enquêtrice la bigleuse, parce que celle-ci a des problèmes de vue et ne peut pas focaliser son regard. J’ai été étonnée qu’elle prenne une attitude supérieure avec la policière.
Vous l’aurez compris, Liora est un personnage détestable qui, parce qu’elle a trop souffert adolescente, ne se rend même pas compte qu’elle fait souffrir à son tour.
J’ai aimé qu’Avi continue d’enquêter sur la disparition de Chouchani : qui est-il vraiment ? Pourquoi des indices sont placés après dans sa chambre d’hôtel ? Et j’ai aimé que son enquête officieuse reste en suspend. Pour un prochain roman ?
L’image que je retiendrai :
Celle du costume marron que porte Chouchani à son arrivée à Tel-Aviv et qu’Avi croise régulièrement dans les rues.