Heurs et malheurs du sous-majordome Minor
De Patrick deWitt
Traduit par Emmanuelle Aronson, Philippe Aronson
Actes Sud
Dans les neiges littéraires
C'est un roman dans lequel on s'engouffre sans même s'en apercevoir. Une écriture limpide vous aspire, un humour pince sans rire vous retient, et votre compte est bon : vous allez accompagner Lucy dans son périple châtelain, vivre avec lui la transformation qui du pauvre villageois naïf le changera en homme courageux transcendé par l'amour. C'est grâce à ce personnage éponyme, bien sûr, avec sa personnalité touchante et surprenante, qu'on est à ce point charmé par ce texte et qu'on l'avale aussi vite. Les heurs et malheurs, on veut les découvrir, trembler et se réjouir du destin de ce jeune homme si attachant.
Frisquet !
L'écrivain-reporter David Grann nous livre ici un récit plein d'aventures, d'émotions et de folie douce en suivant le périple de Henry Worsley, qui tenta, un siècle après Shackleton, de réussir là où le grand explorateur britannique avait échoué.
C'est l'histoire d'une revanche des Anglais sur les humiliations de la course au Pôle sud, qui vit d'abord Shackleton rebrousser chemin à 180 kilomètres du but, puis, en 1911, le Norvégien Amundsen planter son drapeau à la latitude 90° avant l'équipe de Scott, et enfin, quelques années plus tard, la mission Endurance se désagréger dans les glaces avant même d'avoir atteint le continent.
L'Angleterre avait un compte à régler avec l'Antarctique et Henry Worsley, ancien militaire, décide d'en faire son cheval de bataille.
Il y a quelque chose de fou, de désespéré et de totalement héroïque dans sa démarche et David Grann, passionné par ces personnages un peu dingues (on lui doit, entre autres, "La cité perdue de Z") construit autour de lui un texte qui va bien au-delà du seul récit de voyage. L'Antarctique n'est pas une partie de plaisir. C'est l'endroit le plus hostile de la planète. On ne s'y aventure pas seulement pour accomplir un exploit. Henry Worsley, comme tous les autres avant lui, se lance dans cette quête comme dans une croisade métaphysique, une manière de repousser ses limites, de faire un pied de nez à la mort, le temps d'une longue marche.