L’histoire a retenu le nom du célèbre physicien en tant que père de la bombe A, que le Président Truman décidera d’utiliser en 1945 pour bombarder Hiroshima et Nagasaki.

Mais si le scientifique, par ses qualités exceptionnelles, accéda aux plus hautes et aux plus secrètes responsabilités durant la guerre, l’homme, en revanche, s’attira de nombreux ennemis en raison de ses engagements pacifistes. Des ennemis et des rivaux qui, par de sombres et redoutables manœuvres, finiront par le « tuer », pour reprendre le titre de ce livre, même s’il connaîtra une forme de réhabilitation sous John Kennedy, peu de temps avant sa véritable mort.

Pour nous raconter cette histoire, l’autrice choisit comme narrateur un jeune avocat de la Commission à l’Energie Atomique qui réalisera, plus tard, qu’il avait contribué, malgré lui, à sceller le destin du grand physicien.

Une intéressante plongée dans les luttes d’influence attisées par un anticommunisme obsessionnel dans les Etats-Unis d’après-guerre.

Pour exprimer le désarroi et l’immense souffrance qui l’ont envahie au lendemain de la disparition brutale de ce libraire passionné, Mérédith Le Dez choisit le style épistolaire. Trente lettres posthumes, écrites à Jacques sur les deux derniers mois de l’année 2020, six mois après sa mort, témoignent de l’amitié profonde qui les liait l’un à l’autre.

L’élégance, la retenue, la sincérité, la tendresse, l’admiration se rejoignent dans chacune de ces missives adressées à l’absent, faisant partager au lecteur la tristesse de la perte, mais aussi le bonheur des jours passés dans cette librairie, au côté de ce libraire, comme cliente d’abord, puis comme amie, puis comme collègue.

Et ce n’est pas tout. De temps à autre, dans ces pages sachant allier, avec une grande finesse, l’intimité à la pudeur, les failles de l’autrice se glissent parfois subrepticement, imprégnant le récit d’une poésie qui reflète la beauté fragile de la vie.

Ce livre ne se lit pas, il se vit.

Dans les années 1970, attiré par l’existentialisme sartrien, je m’étais également intéressé, par effet de rebond, au personnalisme d’Emmanuel Mounier. Et les hasards de la vie voulurent que j’habitasse, vingt ans plus tard, à Châtenay-Malabry, dans une résidence qui avait vue… sur le verger des Murs Blancs.

C’est donc avec un intérêt tout particulier que j’ai découvert la vie aux Murs Blancs, vue de l’intérieur cette fois, grâce au livre de Léa et Hugo Domenach, petits-enfants de Jean-Marie, un des habitants historiques de la propriété.

Quelle histoire exceptionnelle que celle de cette maison où ont cohabité des philosophes et scientifiques de premier plan, et qui a vu défiler une grande partie de l’intelligentsia durant toute la deuxième moitié du XXe siècle et jusqu’à l’aube du XXIe !

Mêlant la tendresse et l’admiration à une ironie souvent iconoclaste, Léa et Hugo Domenach nous narrent les huit décennies de cette aventure intellectuelle et politique captivante qu’ont construite les habitants des Murs Blancs au fil des ans et qui a profondément marqué son époque ; et en même temps la vie au jour le jour, moins glamour, faite, somme toute, des petites querelles mesquines d’une copropriété ordinaire ; et puis, enfin, les non-dits, les rivalités, les grands écarts entre théorie et pratique, qui peuvent conduire jusqu’au drame...

Un livre qu’il fallait écrire, ce que Léa et Hugo Domenach sont parvenus à faire avec beaucoup de finesse.

Cet ouvrage n’a pour objet ni d’encenser les progrès extrêmement rapides réalisés en matière d’IA (Intelligence Artificielle) au cours de ces dernière années, ni non plus d’apporter de l’eau au moulin des plus pessimistes qui voient en ces nouvelles techniques un péril pour l’humanité.

Non, il s’agit d’un livre pragmatique et didactique qui décrit, de manière simple et vivante, l’état actuel du développement de l’IA. En dialoguant avec ChatGPT, l’auteur montre les capacités que ce système est en mesure d’offrir à ce jour, les services qu’il peut rendre, mais aussi ses limites.

Alexandre Gefen nous montre aussi qu’en imitant de mieux en mieux (et donc en désacralisant) le discours humain, qui s’avère souvent plus stéréotypé que ce que nous avons l’orgueil de penser, ChatGPT peut contribuer à réduire notre crédulité et à favoriser le développement de notre esprit critique.

Un livre utile pour rester présent au monde très évolutif qui nous entoure, tout en gardant le recul nécessaire pour l’analyser, raisonner, et avancer avec lui.

Passant ses vacances au domaine naturiste de Bélézy, la nudité, pour Margaux Cassan, enfant, était naturelle. Jusqu’à ce qu’elle prenne conscience, en grandissant, de la dimension transgressive que revêt cette pratique dans notre société.

Aujourd’hui, c’est avec son regard de philosophe que l’autrice nous parle du naturisme. Avec, comme fil conducteur, son expérience personnelle, elle nous remémore, par petites touches, l’histoire de ce mouvement, du XIXe siècle à nos jours.

Mais ce livre est surtout une réflexion sur le regard que nous avons les uns sur les autres, sur notre propre capacité à nous remettre en cause. Loin de tout manichéisme, c’est un livre fait de doute et de tolérance. Ainsi, page 191, Margaux Cassan, invitée par la mission évangéliste Timothée, qui a édité sa biographie de Paul Ricoeur, s’interroge : « J’ose me demander si je suis en train de dîner dans une secte, mais je repense à Bélézy et me ravise. Je ne peux pas, moi qui condamne le procès en secte pour chacune des choses qui nous sont étrangères, en venir aussi vite à cette conclusion ».

S’inscrivant dans la lignée des penseurs qui ont nourri sa réflexion, en tout premier lieu Ellul et Ricoeur, Margaux Cassan nous démontre, à chaque page, son indépendance d’esprit, son désir profond de liberté, mais aussi son respect de la différence, et son absence de certitude absolue. Rationalisme et spiritualité se conjuguent chez Cassan pour construire une pensée à l’opposé des dérives complotistes, grégaires ou jusqu’auboutistes de notre monde actuel.

Profond par le contenu, léger par le style : un excellent moment de lecture.