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    21 février 2017

    Roman en trois parties qui commence formidablement bien par la vie d'Ana et les raisons qui l'ont amenée à exercer ce métier peu courant et foncièrement masculin dans la littérature et le cinéma. C'est aussi dans cette partie qu'elle découvre les films d'Orson Welles. Le livre est construit avec des retours en arrière qui permettent d'éclairer la situation présente et la personnalité d'Ana. De très belles réflexions sur l'art : "Combien d'œuvres impressionnantes du cinéma et de la littérature ont surgi des pires conflits ? [...] L'expérience artistique semble toujours surgir dans les moments d'horreur, de désespoir ou simplement de privation. Un esprit tranquille ne produit pas d'art. Pour autant, existe-t-il quelqu'un en pleine possession de ses facultés qui aimerait voir la seconde guerre mondiale se répéter ? Pour autant, existe-t-il quelqu'un qui renoncerait à s'émouvoir des images d'une Vienne ruinée dans Le Troisième Homme ?" (p.31/32). Antonio Xerxenesky pose aussi la question de ce qu'est l'art. Qui décide de ce qui est art et de ce qui ne l'est pas ? "Qui es-tu pour définir ce qui est de l'art ou ce qui n'en est pas ?" (p.90).


    La deuxième partie est un peu longue, c'est celle de la rencontre avec Orson Welles et j'ai trouvé que le romancier reprenait beaucoup de ses questionnements, mais cette fois-ci en changeant le contexte, ce qui m'a quand même donné l'impression qu'il se répétait, tournait un peu en rond.

    C'est un roman très musical, mais mon souci est que je ne suis pas très fan de la musique des années 80. Bon rassurez-vous, Antonio Xerxenersky nous épargne toute la daube française des ces années-là qui refait surface depuis quelques années... Non, là on est plutôt sur Depeche mode, Joy division, New order, Duran duran, Sisters of mercy, ... Je n'ai jamais été amateur de cette musique froide et sombre, très calibrée et très similaire d'un groupe à l'autre. Il développe pas mal sur les chansons de ces artistes que je n'apprécie pas plus que cela, ça sonne un peu métallique, boîte à rythme et c'est totalement déshumanisé. Heureusement, il est question -trop brièvement à mon goût- de Bruce Springsteen, là j'aurais pu adhérer...

    Du bon et du moins bon dans ce roman, avec un beau personnage de jeune femme qui se cherche, pour qui la rencontre avec Orson Welles sera déterminante -et vice-versa. Je ne suis pas totalement convaincu parce que le roman est un peu déséquilibré avec cette deuxième partie plus faible, mais la troisième et courte ultime partie en forme de bilan, permet de finir sur de bonnes notes, sur cette jeune femme qui se pose des questions, qui cherche des réponses... aura-t-elle le temps de les trouver ?