Park Avenue summer

Renée Rosen

Belfond

  • Conseillé par
    27 février 2021

    Le décès de sa mère, le remariage de son père et une rupture aussi douloureuse qu’inattendue… Voilà qui décide Alice Weiss à quitter l’Ohio pour vivre son grand rêve : s’installer à New York et devenir photographe ! Mais en 1965, les hommes ne sont pas prêts à céder la place aux ambitions de jeunes filles trop rêveuses. En attendant mieux, Alice se fait embaucher à la rédaction du magazine Cosmopolitan. En perte de vitesse, cette publication de chez Hearst, vit ses derniers instants. Pour l’enterrer en beauté, ces messieurs de la direction placent Helen Gurley Brown à sa tête. Auréolée du succès de son sulfureux livre "Sex and the single girl", quadra féministe, avant-gardiste et indépendante, Helen n’a jamais été à la tête d’un magazine et pourtant, elle va révolutionner la presse féminine en lui insufflant un ton nouveau et en créant la Cosmo Girl, une jeune fille séduisante, ambitieuse et libérée. Le groupe Hearst a parié sur son échec, elle va connaître un succès retentissant.
    Promue assistante de cette femme qu’elle admire, Alice va l’épauler, la servir, la consoler, la défendre, tout en faisant ses propres expériences de la vie new yorkaise. Au contact de son exigeante patronne, la jeune provinciale va devenir une véritable Cosmo Girl, élégante, pressée de réussir et bien décidée à ne pas se laisser dicter sa conduite par un homme.

    Un roman virevoltant, porté par deux femmes exceptionnelles, l’une fictive, Alice Weiss, et l’autre bien réelle, Helen Gurley Brown qui fut à la tête du magazine Cosmopolitan de 1965 à 1997. On la découvre dans "Park Avenue Summer" au moment où elle prend ses fonctions de rédactrice en chef d’une publication moribonde. Après avoir été le fleuron du groupe Hearst, Cosmo est devenu désuet, un magazine fait par des hommes et qui parlent de moins en moins aux femmes lasses des conseils de cuisine et des trucs et astuces ménagers. Helen va révolutionner le genre en abordant des sujets plus modernes : la mode, le glamour, le sexe, le désir féminin. Enfin, des femmes parlent aux femmes ! Et si certains sont effarouchés, d’autres se rallient à sa cause. La Cosmo Girl est née et elle compte bien faire parler d’elle.
    Longtemps icône du féminisme, Helen sera contestée par des femmes opposées à sa vision de la féminité. Elle qui fut à l’avant-garde finit par être dépassée et accusée d’avoir produit un magazine antiféministe. La Cosmo Girl, fashionista un brin écervelée, qui n’a de cesse de trouver un mari n’est plus le modèle à suivre pour des femmes qui veulent se réaliser indépendamment des hommes.
    Mais cela, c’est le futur. En 1965, Helen est au faîte de sa gloire. Elle veut donner une vision moderne de la femme et l’époque s’y prête.
    Renée Rosen fait revivre le New York des sixties et c’est un vrai bonheur. On sent cette liberté dans l’air, ce désir d’émancipation et les balbutiements de la liberté sexuelle. Bien sûr, on navigue dans la bonne société de l’Upper East Side, les hommes sont raffinés, les femmes élégantes et New York fait rêver. Mais pourquoi bouder son plaisir ? Ce roman fait souffler un vent de fraîcheur, il parle d’un temps où, pour les femmes, tout était à construire, à conquérir, où tout était possible. C’est un bonheur de suivre les pas d’Alice et Helen, guerrières prêtes à renverser tous les obstacles pour s’affirmer et réussir, dans les rues de la ville qui ne dort jamais. Glamour et pétillant !