Les corps ravis

Justine Arnal

Chemin de fer

  • Conseillé par (Libraire)
    5 avril 2018

    Dans le ventre de la mère

    "La plupart des malheurs qui surviennent dans l'existence ne sont que les fruits prévisibles de ces étreintes médiocres, de ces jouissances sans extase dont les hommes et les femmes se contentent."

    Des toujours très belles et très soignées éditions du Chemin de fer nous arrive un premier roman détonnant, écrit par Justine Arnal et accompagné par les dessins organiques de Lola B. Deswarte.
    Organique, voilà à quel niveau se situe l'écriture de cette jeune romancière à l'imaginaire psychanalytique, oscillant entre fable moderne et réalisme magique, un terrain que peu d'écrivains francophones explorent si on y réfléchit bien.

    Avec cette histoire de femme dévorée par son amour maternel, Justine Arnal brosse le portrait psychologique d'un modèle ancestral - la femme-mère - et interroge la figure de la femme aujourd'hui aujourd'hui, à notre époque moderne où dans le discours et dans la loi, l'animalité de la grossesse et de l'enfantement est de plus en plus évacuée.

    On n'est pas loin non plus du folklore slave avec ces personnages mythiques qui aspirent à la liberté et se retrouvent entravés par des forces naturelles ou surnaturelles invincibles.

    Si quelques décalages de langage moins bien maîtrisés cassent par moment le triste et beau récit de Marguerite et de sa fille, on pardonne volontiers ces imperfections à une romancière capable de tant de fulgurances littéraires.

    Déroutant par moment, tant cette langue nouvelle ne nous est pas familière, force est de constater qu'on tient là un premier roman important car il est l'acte de naissance d'une voix à laquelle il faudra désormais prêter une oreille attentive.