- EAN13
- 9782952982115
- Éditeur
- Calixte
- Date de publication
- 1970
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
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Aide EAN13 : 9782952982115
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LA LETTRE DE FIVETTE
Il ne pleuvait pas dans mon enfance. Je n'ai pas le souvenir de jours entiers
aussi gris, aussi nuits, que ceux que tu me fais vivre en ce moment. La pluie
bat sur les vitres de ma chambre... Ou es-tu mon Pierre, ou es-tu ?... Jusqu'a
l'anniversaire de mes dix-huit ans, les mois et les annees ont passe sans que
je m'en aperçoive. Je n'ai pas connu de tristesse profonde, ni de vraies
querelles familiales, et je n'ai pas subi les tiraillements penibles de
parents a problemes et autres dechirures de couples en guerilla d'usure. Je
n'ai pas eu faim ni froid ni peur. Bercee entre Grand-pere et Mamie, plus que
la joie de vivre, c'est le bonheur d'etre qui m'a tout le temps habitee. Je
n'ai vecu la solitude que lorsque je l'ai recherchee et j'ai toujours trouve,
quand j'en ai eu besoin, quelqu'un a qui parler. Meme le jour ou mon pere
s'est installe un peu plus loin, dans un autre appartement, je n'en ai pas
souffert, je n'ai pas vu qu'il me quittait. J'avais six ans. Il ne s'est
jamais marie avec Veronique. Pour s'interdire de lui faire des enfants, je
pense... C'est bete. J'aurais bien aime avoir quelques demi-freres ou soeurs,
en tout cas je n'en aurais pas ete contrariee, j'en suis certaine. Toi aussi,
mon enfant, tu m'as reproche de ne pas m'etre mariee, de ne pas t'avoir donne
de frere ou soeur... Ce n'est pas un hasard, aujourd'hui tu le sais, tu viens
de l'apprendre, tu n'es pas la « chair de ma chair »... Et tu m'en « detestes
» comme tu viens de le hurler en claquant la porte de la maison... Eh bien
oui, moi, cette maman qui t'a mis au monde, allaite pendant six mois et
t'eleve seul depuis dix-sept ans n'est pas ta mere... Tu es pourtant toute ma
vie, et sans doute la raison de ma venue sur terre... D'abord, je t'avais
menti a propos de ton pere, je t'avais fait croire a une banale rencontre d'un
soir... J'esperais pouvoir garder ce secret. Je voulais t'epargner, te rendre
heureux, faire de toi un petit garçon pareil aux autres, enfin presque. Tu
n'aurais pas de pere, mais je me consacrerai entierement a toi... Tu me
pardonneras, dis ? Je ne sais pas... Je vais t'expliquer, te parler enfin, je
vais t'ecrire ce que je n'ai pas su te dire... Je veux que tu comprennes, tu
vas savoir la verite maintenant. Non, il n'est pas trop tard, non. Je n'ai pas
peur que tu me juges, mais laisse-moi d'abord te raconter, te conduire jusqu'a
toi a travers ma propre histoire. Viens te chercher avec moi. Écoute mon
Pierre, ecoute-moi je t'en supplie, ecoute comme je t'aime...
Il ne pleuvait pas dans mon enfance. Je n'ai pas le souvenir de jours entiers
aussi gris, aussi nuits, que ceux que tu me fais vivre en ce moment. La pluie
bat sur les vitres de ma chambre... Ou es-tu mon Pierre, ou es-tu ?... Jusqu'a
l'anniversaire de mes dix-huit ans, les mois et les annees ont passe sans que
je m'en aperçoive. Je n'ai pas connu de tristesse profonde, ni de vraies
querelles familiales, et je n'ai pas subi les tiraillements penibles de
parents a problemes et autres dechirures de couples en guerilla d'usure. Je
n'ai pas eu faim ni froid ni peur. Bercee entre Grand-pere et Mamie, plus que
la joie de vivre, c'est le bonheur d'etre qui m'a tout le temps habitee. Je
n'ai vecu la solitude que lorsque je l'ai recherchee et j'ai toujours trouve,
quand j'en ai eu besoin, quelqu'un a qui parler. Meme le jour ou mon pere
s'est installe un peu plus loin, dans un autre appartement, je n'en ai pas
souffert, je n'ai pas vu qu'il me quittait. J'avais six ans. Il ne s'est
jamais marie avec Veronique. Pour s'interdire de lui faire des enfants, je
pense... C'est bete. J'aurais bien aime avoir quelques demi-freres ou soeurs,
en tout cas je n'en aurais pas ete contrariee, j'en suis certaine. Toi aussi,
mon enfant, tu m'as reproche de ne pas m'etre mariee, de ne pas t'avoir donne
de frere ou soeur... Ce n'est pas un hasard, aujourd'hui tu le sais, tu viens
de l'apprendre, tu n'es pas la « chair de ma chair »... Et tu m'en « detestes
» comme tu viens de le hurler en claquant la porte de la maison... Eh bien
oui, moi, cette maman qui t'a mis au monde, allaite pendant six mois et
t'eleve seul depuis dix-sept ans n'est pas ta mere... Tu es pourtant toute ma
vie, et sans doute la raison de ma venue sur terre... D'abord, je t'avais
menti a propos de ton pere, je t'avais fait croire a une banale rencontre d'un
soir... J'esperais pouvoir garder ce secret. Je voulais t'epargner, te rendre
heureux, faire de toi un petit garçon pareil aux autres, enfin presque. Tu
n'aurais pas de pere, mais je me consacrerai entierement a toi... Tu me
pardonneras, dis ? Je ne sais pas... Je vais t'expliquer, te parler enfin, je
vais t'ecrire ce que je n'ai pas su te dire... Je veux que tu comprennes, tu
vas savoir la verite maintenant. Non, il n'est pas trop tard, non. Je n'ai pas
peur que tu me juges, mais laisse-moi d'abord te raconter, te conduire jusqu'a
toi a travers ma propre histoire. Viens te chercher avec moi. Écoute mon
Pierre, ecoute-moi je t'en supplie, ecoute comme je t'aime...
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