L'enfant grec, roman

Vassilis Alexakis

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    18 octobre 2012

    Un beau grain de folie

    Le narrateur de ce roman est un homme vieillissant, écrivain hospitalisé à Aix. Lorsqu'il rentre à Paris, il fréquente assidûment le jardin du Luxembourg où il croise les héros de ses lectures d'enfance et d'aolescence. Il se pose des questions sur ces héros: est-ce ses héros fumaient et sont ainsi à l'origine de sa tabagie? Buvait-on beaucoup chez Homère? Jules Verne était-il misogyne puisque dans ses romans, les femmes ne sont que des subalternes? Le narrateur cherche les parentés entre les romans, ceux où les personnages portent le même prénom par exemple ou les hommages d'auteurs envers d'autres romans.

    Il s'interroge aussi sur l'écriture (contrairement au marionnettiste, il ne se sent pas contraint d'habiller ses personnages), l'évolution de son lectorat. Finalement, il se demande et moi avec, si ce roman n'est pas tout simplement un hommage à son frère disparu avec qui il partageait ces héros:

    Si j'ai entrepris de ressusciter tout ce monde, c'est peut-être avant tout parce qu'il me rappelle mon frère.

    J'ai beaucoup aimé ce roman empli de tendresse, son grain de folie mais aussi la pertinence de ses remarques, sur les adaptations cinématogriques par exemple. Le narrateur nous explique que l'adaptation cinématographique tue le roman car il ne donne pas envie de le lire, contrairement à l'adaptation en BD. Ce roman est un peu fou, la fiction prend le pas sur la réalité, ou plutôt ce sont les souvenirs de lecture qui prennent toute la place et les chapitres 5 et 7 qui sont consacrés à ces héros m'ont charmée. J'ai moins aimé la diatribe anti-Sarkozy et les passages consacrés aux SDF, je pense que ce n'était peut-être pas le bon roman pour exprimer ces idées-là. On y parle aussi de la Grèce et des raisons de son effondrement économique. Ce roman, qui a déjà obtenu le Prix de la langue française, est dans mon tiercé de tête de la sélection du Goncourt.