Chiens fous

Chart Korbjitti

Asphalte

  • Conseillé par
    29 janvier 2011

    Pour une première incursion dans la littérature thaï, Chiens fous, de Chart Korbjitti, est assez désarçonnant. L’auteur nous convie aux retrouvailles de deux potes, Chouanchoua et Otto, qui, selon leur habitude, tournent à la beuverie et à une litanie d’anecdotes sur les frasques de tel ou tel ami en commun lors de telle ou telle soirée. Vraiment rébarbatifs, les premiers chapitres sont vite oubliés quand on en vient à en apprendre davantage sur certains personnages, à découvrir progressivement ce qui a pu les mener jusqu’à Phuket, à la fin des années 70, ou tout simplement ce qui les relie. Si on se permettait de schématiser, on résumerait leur vie ainsi : beaucoup d’alcool, de la drogue (flower power oblige), des conflits avec les parents, pas mal de débrouille et surtout une amitié bourrue et indéfectible, qu’elle prenne place dans les rues, à la ville, ou à la plage, au coin du feu, selon le mode de vie hippie.

    Peut-être gagné par l’ivresse, constante, de la majorité des protagonistes, on se perd parfois un peu dans le récit, entre flashbacks, anecdotes racontées autour de la table à l’instant T ou anecdotes racontées alors qu’on raconte le soir de telle beuverie où Machin a ...

    Pour autant, quand on referme Chiens fous, c’est presque avec regrets : envolée la première impression d’un récit fumeux. Sans pour autant se retrouver dans la bande d’Otto & co, on finit par s’en sentir proche. Bien sûr, on n’écluse pas autant (d’ailleurs, qui pourrait suivre leur rythme ?!) mais leurs préoccupations sont universelles : le tiraillement entre un appétit insatiable de liberté et la voie tracée par l’entourage familial, l’envie de jouir de l’instant présent et l’angoisse refoulée des lendemains de vaches maigres. La difficile cohabitation entre un mode de vie rock’n’roll et le bonheur.