Le réprouvé

Mikaël Hirsch

L'Éditeur

  • Conseillé par
    14 novembre 2010

    Paris, lundi 6 décembre 1954, c'est l'effervescence. Le prix Goncourt est décerné à Simone de Beauvoir. Gérard Cohen, 24 ans, garçon de courses chez Gallimard décide d'aller rendre visite à Céline qui vit reclus dans sa maison à Meudon. Pour le jeune homme, c'est l'occasion de faire le point sur son emploi. Sur sa moto, il traverse Paris et se se remémore la guerre. Lui, l'enfant demi-juif a été caché durant cette période. Entre souvenirs du passé et le présent bien ancré dans la réalité, cette journée lui permettra de décider de son avenir.

    Son père a toujours travaillé chez Gallimard, c'est donc tout naturellement que le narrateur travaille dans cette maison d'édition. Depuis qu'il est enfant, il a baigné dans ce milieu. J'avoue que les premières pages ne m'avaient pas emballée. Le style trop travaillé à mon goût sonnait faux pour moi. J'ai laissé passer quelques jours, repris ma lecture et l'alchimie s'est produite. A partir du moment où le narrateur parle de Paris, de ses souvenirs liés à la guerre, j'ai été séduite. Adieu les grands mots, c'est un jeune homme qui parle et l'écriture en est changée. Le Paris populaire nous est décrit et on a l'impression de le voir de nos propres yeux. Durant cette journée, il pense à ses origines, lui qui a du mal à assumer sa demi judaïté. Car nous sommes en 1954 et il persiste une certaine méfiance envers les juifs. Les souvenirs de la guerre reviennent : sa mère arrêtée pour des actes de résistance et emprisonnée. Lui mis à l'abri à la campagne. Un jeune homme qui découvrira également les plaisirs de la chair. Avec un regard lucide, il décrypte le monde de l'édition. Débarrassé de ses ambitions littéraires depuis bien longtemps, il veut construire son propre avenir.

    Une belle lecture malgré mon bémol du départ qui été vite balayé ! Il s'agit d'un roman initiatique que j'ai beaucoup aimé !