Diaspora et identité noire Des discours des leaders et des mouvements noirs à des manifestations artistiques

Peut-on parler, en toute légitimité, d'une identité noire ? Est-on autorisé à
en parler ? À cette question, Nathalie Mangwa répond par l'affirmative.
Cependant, elle prend le soin de se démarquer de toute conception
essentialiste en précisant que cette identité n'est pas dans une quelconque
nature mais « dans l'expérience vécue des acteurs ». Elle conçoit ladite
identité comme la conscience des hommes noirs de la diaspora d'appartenir à
une identité commune faite notamment d'une histoire douloureuse, d'un présent
problématique et d'un futur à bâtir. L'étude de cette identité, ainsi
circonscrite, reste solidaire de l'investigation des notions d'ethnie, de
métissage, de créolité. Revendiquant une originalité qui repose sur une
perspective d'approche des populations noires, de la diaspora, l'auteur
élabore un certain nombre d'hypothèses autour de la question que signifie
l'affirmation d'une identité avec comme support l'analyse de données
empiriques, d'ouvrages bibliographiques, de romans d'auteurs africains et
antillais. Partant d'une dialectique entre l'identité et l'altérité, Nathalie
Mangwa rend compte de l' implication du chercheur par rapport à son objet,
analyse les discours de politiques, d'intellectuels et d'artistes, - discours
découpés selon les années 30, puis 60 - 70 et 80 - avant de déboucher sur
l'esthétique à même de rendre visibles des phénomènes difficilement
perceptibles dans les autres formes de la vie sociale. Que cela soit dans le
radicalisme noir américain renforcé par le panafricanisme (William Edward
Burghardt Du Bois), ou dans le discours des figures de proue de la négritude
(Senghor, Damas et Césaire) ou dans la poésie de la génération des Paul
Dakeyo, il résulte des investigations de l'auteur que l'histoire de la pensée
des Noirs est une lutte pour la dignité, la liberté et la reconnaissance. Avec
cette mondialisation qui sert de terreaux à certains mouvements identitaires,
cet ouvrage a le mérite de rappeler comment les idéologies des penseurs noirs
reprennent les labellisations et les stigmatisations pour reconstruire leur
propre identité non sans faire preuve de créativité en combinant des
influences extérieures.