Un Sermon sous Louis XIV
EAN13
9782362601385
Éditeur
ThéoTeX
Date de publication
Langue
français
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Un Sermon sous Louis XIV

ThéoTeX

Livre numérique

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Note TéoTEX

A peu près complètement oublié aujourd’hui des lecteurs évangéliques, Félix
Bungener (1814-1874) a pourtant inventé en quelque sorte un nouveau genre de
littérature religieuse, celui que nous pourrions qualifier d’historico-
homilétique. En désignant, sous ce terme pédant, une idée astucieuse de
l’auteur : se servir de l’Histoire pour exposer les formes et les buts de
l’éloquence de la chaire chrétienne. Ainsi Bungener fait d’une pierre deux
coups : il nous transporte à Versailles, à l’époque du grand siècle, et il
nous sermonne sur ce que devrait être un sermon.
Cette innovation découverte avec plaisir par le public protestant, et même
catholique, l’introduisit dans la célébrité ; pour preuve les nombreuses
rééditions de son Sermon sous Louis XIV, suivi quelques années plus tard de
Trois Sermons sous Louis XV. Relue aujourd’hui, l’œuvre de Bungener témoigne
par sa qualité, d’un succès non usurpé. Premièrement, du point de vue
historique, Bungener est un scrupuleux, un besogneux (comme le confirme la
notice biographique que nous avons placée à la n de ce volume, écrite par un
de ses amis, le pasteur Jean-Pierre Gaberel). Tout son décor est emprunté à
des sources authentiques, les vues sur la noblesse et le clergé d’antan sont
profondes, les dialogues des personnages s’inspirent de citations réelles, des
notes nombreuses nous informent de piquants détails. Deuxièmement, du point de
vue de la citation, il faut reconnaître à Bungener une certaine imagination
audacieuse, voire facétieuse : faire composer la fin d’un sermon du
catholique Bourdaloue devant être prêché devant le roi, par le protestant
Claude de Charenton, il fallait oser !
Au-delà du simple délassement procuré aux amateurs d’histoire, ce livre
présente-t-il un intérêt spirituel quelconque, pour le protestantisme
évangélique de notre temps ? Il est bien facile de condamner l’hypocrisie de
la religion qui fleurissait à la cour du roi soleil. A l’exemple du monarque,
les grands se montraient en public contes de dévotion, à la chapelle, et
péchaient sans retenue en privé ; Bungener raconte cela très bien. Mais du
moins arrivait-il aux prédicateurs en vue, aux Bossuet, aux Bourdaloue, aux
Fe?u??, de condamner sévèrement leur conduite, en termes clairs, du haut de
la chaire, ou par lettre.
Depuis longtemps, nous n’avons plus de rois.Mais, comme leurs prédécesseurs,
les dirigeants qui les ont remplacés, vivent assez couramment dans l’adultère,
le concubinage, la bigamie, jusqu’au mépris ouvert du mariage. Ceci ne doit
pas étonner. Par contre, il est assez surprenant de ne trouver parmi les
leaders de la fraction du christianisme qui se réclame du plus respectueux
attachement à la Bible, aucun d’entre eux qui, convoqué au palais, ose dire au
monarque la vérité de sa situation. Où sont donc nos Jean-Baptistes
évangéliques ? qui face à Hérode déclarent : « Il ne t’est pas permis d’avoir
cette femme ! » Où sont nos Bourdaloue, nos Bossuet ? Des courbettes, des
sourires radieux devant la caméra, des poignées de main, en voici à foison ;
du courage ?. . . on le cherche. Mais enn, proteste-t-on, quelle remarque
absurde ! la France actuelle et celle de Louis XIV ne sauraient se comparer ;
nous sommes dans un pays laïc, les évangéliques n’ont pas à porter de jugement
sur les autorités civiles !
Comme les lois de la physique s’étendent à tout l’univers, les lois de la
conscience s’appliquent à l’humanité entière, sans se préoccuper de
distinctions artificielles ; elles ne connaissent pas l’existence d’une
clause de laïcité, qui permettrait d’appeler le mal, bien et le bien,mal. A
Louis XIV, qui semblait n’avoir jamais envisagé la chose sous ce jour, Bossuet
était obligé d’expliquer que coucher avec la femme d’un autre, c’était être
adultère. Le monarque choqué, se répétait : Adultère ! Je suis adultère. . .
Croit-on qu’en supprimant le mot, nous aurons effacé la laideur morale qu’il
résume ? La Révolution a supprimé les rois ; elle n’a pas nécessairement fait
disparaître les courtisans, ni une certaine lâcheté courtisane particulière au
clergé. Ne serait-ce que pour nous rappeler que Dieu n’a pas donné à ses
enfants un Esprit de timidité, mais de force, d’amour, et de sagesse a, les
sermons de Bungener valent le plaisir d’être lus.

Phoenix, le 8? octobre 2013.
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