- EAN13
- 9782259295871
- Éditeur
- FeniXX rédition numérique (Plon)
- Date de publication
- 1951
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Cadences (2). Voies d'accès au réel, principes de l'humanisme, images de France
Jacques Chevalier
FeniXX rédition numérique (Plon)
Livre numérique
La création, qui fait du monde l’œuvre totale de Dieu, donne à l’existence,
individuelle et contingente, une raison : mais une raison qui dépasse notre
raison. Tout est là. En d’autres termes, l’idée de création, — idée que nous
tenons de la révélation judéo-chrétienne, et que confirme une vue exacte des
faits, — tout incompréhensible qu’elle est, apparaît comme la seule idée
capable de concilier l’intelligible et le réel au sein de l’intelligibilité
divine. La création tout entière, qui est contingente, est intelligible, non
pas pour nous, mais en soi, c’est-à-dire pour Dieu qui en a le secret
puisqu’il en est l’auteur. On ne peut donc rien comprendre de ce qui est qu’en
le rapportant au Créateur, Dieu. Pour notre intelligence, et pour notre raison
même, la création est mystère, et elle demeure mystère. Assurément. Mais celui
qui nous conduirait au seuil de la création, en touchant le réel sur un point
en son fond, justifierait du même coup la science telle qu’elle est ici
comprise, et, avec elle, la création artistique, les techniques, l’action, la
vie de l’homme, son existence même, qui toutes se meuvent dans l’individuel et
le contingent. En nous conduisant au seuil du mystère, il nous conduirait au
seuil du réel, là où nous ne cessons de comprendre que parce qu’il y a
infiniment à comprendre. De fait, ce qu’il y a de réel dans une science, c’est
ce qu’elle ignore : son objet propre est le mystère qu’elle s’efforce de
circonscrire sans jamais parvenir à le réduire. Heureusement, l’intelligence,
à condition qu’elle reconnaisse ses limites, sait voir au-delà de ce qu’elle
comprend. Mais la reconnaissance même de ses limites, qui n’est autre que la
reconnaissance du mystère, exige de l’homme un acte d’humilité vraie, qui
subordonne l’intelligible humain, ou le concevable, à l’intelligible divin, ou
au réel ; qui rapporte constamment nos signes à la réalité supérieure de la
chose dont ils participent par leur incomplétude même ; et qui mesure notre
raison à cette raison des choses que les hommes du moyen âge appelaient la
ratio mystica, qui nous astreint, étant ineffable, à chercher en cette vie
toujours plus loin, toujours plus haut.
*[xxe]: 20e siècle
individuelle et contingente, une raison : mais une raison qui dépasse notre
raison. Tout est là. En d’autres termes, l’idée de création, — idée que nous
tenons de la révélation judéo-chrétienne, et que confirme une vue exacte des
faits, — tout incompréhensible qu’elle est, apparaît comme la seule idée
capable de concilier l’intelligible et le réel au sein de l’intelligibilité
divine. La création tout entière, qui est contingente, est intelligible, non
pas pour nous, mais en soi, c’est-à-dire pour Dieu qui en a le secret
puisqu’il en est l’auteur. On ne peut donc rien comprendre de ce qui est qu’en
le rapportant au Créateur, Dieu. Pour notre intelligence, et pour notre raison
même, la création est mystère, et elle demeure mystère. Assurément. Mais celui
qui nous conduirait au seuil de la création, en touchant le réel sur un point
en son fond, justifierait du même coup la science telle qu’elle est ici
comprise, et, avec elle, la création artistique, les techniques, l’action, la
vie de l’homme, son existence même, qui toutes se meuvent dans l’individuel et
le contingent. En nous conduisant au seuil du mystère, il nous conduirait au
seuil du réel, là où nous ne cessons de comprendre que parce qu’il y a
infiniment à comprendre. De fait, ce qu’il y a de réel dans une science, c’est
ce qu’elle ignore : son objet propre est le mystère qu’elle s’efforce de
circonscrire sans jamais parvenir à le réduire. Heureusement, l’intelligence,
à condition qu’elle reconnaisse ses limites, sait voir au-delà de ce qu’elle
comprend. Mais la reconnaissance même de ses limites, qui n’est autre que la
reconnaissance du mystère, exige de l’homme un acte d’humilité vraie, qui
subordonne l’intelligible humain, ou le concevable, à l’intelligible divin, ou
au réel ; qui rapporte constamment nos signes à la réalité supérieure de la
chose dont ils participent par leur incomplétude même ; et qui mesure notre
raison à cette raison des choses que les hommes du moyen âge appelaient la
ratio mystica, qui nous astreint, étant ineffable, à chercher en cette vie
toujours plus loin, toujours plus haut.
*[xxe]: 20e siècle
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