Chateaubriand, Ou Le poète face à l'histoire
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EAN13
9782259271554
Éditeur
FeniXX rédition numérique (Plon)
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français
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Chateaubriand

Ou Le poète face à l'histoire

FeniXX rédition numérique (Plon)

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782259271554
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    8.49

  • Aide EAN13 : 9782259271561
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    8.49
La grande poésie veut donner un sens au monde, donc à l’Histoire, où
l’aventure humaine se déploie à l’échelle de la terre. Mais comment lui en
donner un, dès lors que le Dieu dé Bossuet ne tient plus « tous les fils de
l’univers dans sa main » ? Alors l’épopée bute sur l’assassinat ; et le poète
ne sait plus comment répondre à l’essence meurtrière de l’Histoire. Il essaie
donc des cosmogonies de substitution au cœur desquelles, toujours, un cadavre
vient étouffer sa voix. Cette errance du poète moderne, ces pages voudraient
l’illustrer à propos de Chateaubriand, exemplaire témoin. Mais à travers le
nomadisme cosmogonique, en quelque sorte, de la parole poétique, c’est le
problème de l’« engagement » qui se dévoile enfin, non plus seulement du point
de vue des exigences propres à l’Histoire, mais de celles particulières à la
grande création littéraire. Car un mythe poétique semble révéler ici son
profond empire, celui d’Orphée. N’est-ce pas une manière de descente à l’Hadès
du poète que cette recherche des ruines et des tombes, des cités évanouies et
des déserts, ostensibles sépulcres où l’homme se complaît à son propre
effacement ? Mais l’Eurydice que ce poète va chercher aux enfers pourrait bien
n’être que le cadavre de l’Histoire elle-même. Quelle loi du sang, au cœur de
l’Histoire, empêche donc cette Eurydice-là de ressusciter ? « Poésie,
connaissance orphique de la terre », dit Mallarmé. Si la haute poésie est donc
aussi une résurrection, comment peut-elle s’accomplir lorsque le poète est
épique, c’est-à-dire lorsque le meurtre lui saute à la face ? La réponse à
cette question est peut-être dans une comparaison de la poésie de
Chateaubriand avec celle, non moins épique, mais toute résurrectionnelle, de
Saint-John Perse. Enfin, si la mort et la résurrection d’un dieu parlent au
plus secret de la poésie, peut-être un lien pourrait-il se faire voir entre la
poésie et le sacré, et nos civilisations elles-mêmes commencer de s’éclairer
sur les pentes opposées qui descendent à la nuit ou remontent du tombeau.
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