Le Jardin des Plantes, ou De l'horrible danger de la promenade
EAN13
9782246837251
Éditeur
Grasset
Date de publication
Langue
français
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Le Jardin des Plantes

ou De l'horrible danger de la promenade

Grasset

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En créant en 1635 un jardin des plantes médicinales à Paris, directement placé
sous son autorité, Louis XIII fonde non seulement l’une des plus anciennes
institutions scientifiques de France avant l’Académie des Sciences (1666) et
l’Observatoire de Paris (1667), mais aussi l’une des plus modernes. Des cours
gratuits, donnés en français et non plus en latin au tout-venant  : du jamais
vu, qui fait froncer les sourcils à la Sorbonne  !   Car le succès est
immédiat, les carabins s’en donnent à cœur-joie de disséquer des cadavres, de
ridiculiser les Diafoirus, de découvrir une sexualité aux plantes  : médecine
et botanique ne font qu’un au XVIIème siècle et c’est le premier médecin du
roi, Guy-Crescent Fagon, qui administre le jardin jusqu’à la fin du règne de
Louis XIV.  Au XVIIIème siècle, c’est la surproduction de tout  : des espèces
végétales, animales et minérales rapportées par ces missions scientifiques qui
sillonnent l’univers, des cabinets de curiosité des grands de ce monde, des
touristes qui affluent de toute l’Europe au jardin des Plantes pour rencontrer
Buffon, l’auteur d’un des best-sellers de son temps, une Histoire naturelle en
36 volumes qui ignore sèchement son contemporain, le savant suédois Carl von
Linné dont la classification fait encore autorité.  Nationalisé à la
révolution, sauvé par Lakanal qui voit surtout son aspect éducatif, voici le
jardin Royal transformé en muséum. Douze professeurs vont chacun occuper une
chaire et administrer l’institution pendant deux cents ans et aucun des
promeneurs, peintres ou écrivains qui découvrent avec délices au XIXème siècle
la ménagerie, les grandes galeries, le jardin d’Acclimatation (1860), au bois
de Boulogne, le musée d’Ethnographie, ancêtre du musée de l’Homme, au
Trocadéro (1878) ou le zoo de Vincennes (1934) ne se doute des querelles qui
agitent les coulisses de l’établissement et se nomment fixisme, transformisme,
Darwinisme, colonialisme, adaptation ou refus de la révolution industrielle,
déclin scientifique. L’homme est-il un singe  ? La France apporte-t-elle aux
peuples colonisés l’ombre ou la lumière  ? A quoi sert le muséum  ? Comme la
pluie qui tombe dans les grandes galeries, faute de crédits, après la Seconde
Guerre mondiale et surtout après les Trente Glorieuses, l’histoire naturelle
est-elle en train de tomber dans l’oubli  ?
  L’ADN découvert en 1953, qui révèle tout de vous, de votre passé et de celui
du vieux renard empaillé ou de la roche emprisonnée, fait-il encore de nous
des être humains  ? La numérisation viendra-t-elle à bout du trop plein des
musées  ? Va-t-elle rendre à leurs pays d’origine tout ce qui en a été emporté
? Et la terre qui se décroche par mottes entières sous nos yeux, où va-t-elle
? C’est dire qu’au XXIème siècle, le muséum a encore devant lui de beaux jours
et de belles promenades parmi les dangers de la terre. «  [Celle-ci] peut bien
disparaître, disait August Strinberg en 1894, si le jardin des Plantes est
épargné, la création sera sauvée.  » Puisse l’avenir lui donner raison  !
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