Laure M.

Conseillé par (Libraire)
12 juillet 2023

Une fiction dense et remarquable

La famille est une fiction remarquable, qui nous plonge dans la diaspora italienne du Brooklyn des années 30. Une immersion dans un univers que nous avons possiblement déjà expérimentée au cinéma ou en littérature. Mais cette fois-ci, l’histoire nous est racontée du point vue de deux jeunes femmes. L'autrice va nous inviter à découvrir leur vie, ce qu’elles voient et ressentent dans un monde qui, de l’intérieur est protecteur, aimant, mais de l’extérieur, violent, sans pitié.
Ces deux jeunes femmes se prénomment Sofia et Antonia. Nous les suivons dès leur enfance. Elles sont liées par une amitié forte, fusionnelle. Leurs parents sont également très proches et leurs pères travaillent tous deux pour un homme qui régit une partie de la mafia sicilienne. Malheureusement, le père d’Antonia disparaît un jour, effacé, tué par son propre clan, « La famille ». À partir de ce drame, nos deux héroïnes ne cesseront de questionner leur place au sein de cette famille tout à la fois menaçante et protectrice et dans laquelle nous allons les voir évoluer et choisir de composer ou pas avec cette violence inéluctable. Rester ou fuir. Seulement, ce choix n’est pas évident car il est difficile d’échapper au clan. Et puis, leur destin y est tracé. Il y a dans ce déterminisme, quelque chose de rassurant. En cela, le roman raconte très bien et questionne avec finesse le déterminisme familial qui empêche autant qu’il solidifie des liens puissants. À l’image de cette amitié que composent Sofia et Antonia. L’une est impétueuse et volcanique, l’autre est discrète et mesurée. Ensemble, elles traverseront leurs devoirs de filles, d’épouses et de mères et surtout elles tenteront d’exister en tant que femme et amie dans ce flot d’émotions qui les habitent, les animent et que Naomi Krupitsky nous décrit avec subtilité, détail et finesse.
Un roman dense, parfait pour les vacances d’été !

L'Iconoclaste

20,00
Conseillé par (Libraire)
30 mai 2023

Détonnant !

Un roman original, surréaliste, légèrement morbide, hautement romantique... Ou l'inverse. À vous d'en juger !
Notre héroïne est habitée par une folie douce. Son amant venant de mourir subitement d'une crise cardiaque, elle ne peut se résoudre à rendre son corps. Elle part alors pour 6 jours de folie, avec un mort sur sa banquette arrière. Consciente de l'étrangeté de la situation, elle écrit une longue lettre à la femme de son amant, qui est l'objet du livre, et dans laquelle elle se raconte, se confie, nous offrant ainsi à lire un beau personnage féminin. En effet, c'est une héroïne peinte en un clair-obscur délicat. Elle est blessée, amoureuse, habitée par un émotivité authentique et touchante, tendrement névrosée. L'aventure dans laquelle elle s'engouffre est rocambolesque, étrange, décalée. Mais son histoire, ce qu'elle vit, ressent et exprime sonnent juste.
Un road movie analytique, haletant, féminin, drôlement morbide, finement détaillé !

Conseillé par (Libraire)
30 mai 2023

Un conte philosophique, fabuleux et lumineux

Les éditions du Typhon éditent un second texte d'Ernst Wiechert, un auteur allemand né à l'orée du XXe siècle, contemporain de Hermann Hesse, lu et apprécié de son vivant, puis un peu oublié (en France en tout cas).
Le Buffle blanc est un conte philosophique lumineux, rempli de chaleur et de bonté, qui questionne notre rapport au pouvoir et les conséquences de ce dernier sur nous et sur les autres. Peut-on résister aux injustices sans sombrer dans la violence ? Peut-on atteindre le pouvoir avec sagesse et détachement de soi-même ?
Un fabuleux roman de formation au sein duquel nous suivons notre héros parcourir son chemin initiatique, fait d'obstacles, de noirceur et de lumière.

19,00
Conseillé par (Libraire)
30 mai 2023

Un roman noir et social

Nous sommes au milieu du XXe siècle, dans un village suisse, reculé et replié sur lui-même. En ces lieux, nous plongeons dans un environnement rural et taiseux en compagnie d'Ida, jeune orpheline de 13 ans, tout juste installée chez un vieux couple de paysans, peu hospitaliers. Confiée à l'État, elle fait partie de ces nombreux orphelins qui furent placés dans des fermes en mal de main d'œuvre, devenant ainsi des petites mains utiles, quasi gratuites.
Tout au long de la première partie du roman, nous suivons notre Cosette, un personnage au destin tragique, survivre dans ce village enclavé qui devient, dans le seconde partie du roman, le théâtre de drames humains, causés par les silences et les non-dits des villageois. Ces derniers deviennent les personnages principaux, le roman se transformant en un récit polyphonique qui donne à l'histoire un caractère sociologique.
Un très bon roman noir et social écrit dans une langue épurée et limpide.

Conseillé par (Libraire)
30 mai 2023

Un voyage sororal

Le temps de deux saisons (été et automne), nous suivons le quotidien de trois femmes iraniennes qui vivent à Téhéran. Elles s'appellent Leyla, Shabaneh et Roja. Elles se sont rencontrées sur les bancs de la fac. Aujourd'hui diplômées, elles travaillent et vivent dans des lieux qui laissent croire qu'elles sont libres. Mais lorsque nous ôtons le voile des apparences, nous comprenons qu'elles sont tiraillées entre tradition et modernité.
Une position qui les entraîne dans une névrose que l'autrice nous dépeint avec une subtilité et une finesse telles, que nous nous attachons à ces jeunes femmes qui ne demandent qu'à vivre. Nous nous fondons un temps dans leur vie, leur intériorité, faite de désir et de frustration, de rires et de larmes. Puis vient le moment où il nous faut les quitter. À regret. Car les frontières sont finalement hermétiques. En attendant, il y a la littérature pour nous permettre de visiter un pan de la culture iranienne et la vie de ses femmes courageuses. Merci à Nasim Marashi et aux éditions Zulma pour ce voyage littéraire et sororal.