Brice F.

Conseillé par (Libraire)
13 mars 2022

Stupeur, du jour au lendemain, et partout sur Terre, les appareils photos et les caméras ne fonctionnent plus ! Ou plutôt si, ils fonctionnent toujours, mais ils ne fixent plus les images des êtres humains...Finis les selfies, les portraits, et les clichés de photos de famille ratés !
Et quelque part dans le Lubéron, témoins de ce bouleversement à l'échelle mondiale, un jeune garçon et ses deux amis, que l'on accompagne de l'enfance à l'âge adulte.
Mais à y bien réfléchir, tout ce qui disparaît finit toujours par réapparaître, d'une façon ou d'une autre, non ? À commencer par cet adolescent qui a perdu ses semelles de vent...

Après Le Dit du Mistral, un des tout premiers coups de cœur de l'Angle Rouge ( prix Première Plume 2020, Prix des Rencontres à Lire de Dax 2020, et Prix du Livre Cogedim Club 2021 ), c'est un véritable plaisir que de retrouver le précieux talent de conteur d'Olivier Mak-Bouchard !
Un véritable plaisir mais aussi une véritable surprise que de découvrir un texte que j'ai trouvé vraiment très différent du Dit du Mistral, et c'est en cela que je suis particulièrement admiratif, parce qu'il nous emmène vraiment ailleurs, à la fois du point de vue narratif, mais aussi de la thématique.
On pense fort à José Saramago, dans cette capacité à partir d'un petit élément déclencheur ( les appareils photos, notre rapport narcissique à la photo, quelle belle idée ! ), et de tirer les fils petit à petit, lentement, patiemment, et de voir où cela nous conduit.

C'est une fable oui, peut-être, c'est doux, c'est tendre, ça parle de l'enfance, de l'insouciance, mais aussi de l'inévitable peur du basculement dans le monde des "Grands" où vivent les ombres, les peurs, la haine de l'autre qui floute bien mal celle que l'on a de soi. Au point qu'en voulant faire disparaître l'Autre, on disparaît soi-même.

Un coup de cœur marqué encore du soleil du Lubéron, dans la langue et les images, à l'imagination bienvenue, et qui nous est donné à lire peut-être au meilleur des moments...
Et quel bel objet, merci au Tripode et à Philleas Dog !

B.

21,00
Conseillé par (Libraire)
19 janvier 2022

Pour leur 100e publication, les merveilleuses éditions de la Contre-Allée nous offrent un véritable cadeau.
J'ai été complètement emporté par le souffle de ce premier roman, la langue flamboyante qui dessine tout à fait un monde que l'on sait disparu peut-être, saisi ici dans son entièreté et dans toute sa singulière beauté.
Roman d'aventures, roman d'apprentissage autant que d'initiation, l'Arbre de colère est organique, charnel, rempli de vie, de sons, de couleurs, d'imagination. Dans le magnétisme des forêts, la vivifiante palpitation de la vie animale, la puissance des éléments, le charisme et la force de son héroïne, Guillaume Aubin offre des excitations de lecture comparables à celles que j'avais ressenties avec "l'Homme qui savait la langue des serpents, d'Andras Kivirahk".
Et ce n'est pas peu dire...

Conseillé par (Libraire)
12 janvier 2022

Magistral récit d'une débâcle

Avec toujours la même virtuosité dans l'écriture, la même sensibilité à s'emparer d'un sujet, Éric Vuillard se glisse dans les interstices de l'Histoire, ici celle de la guerre d'Indochine.
Portraits au vitriol de ces hommes de pouvoir bouffis de suffisance, dont les lourds fessiers sont tant coincés dans les étroits sièges de l'Assemblée Nationale qu'ils les privent de toute raison, de toute lucidité, de toute humanité.
Récit de ces batailles, de ces défaites, ou plutôt de la protection d'intérêts économiques et personnels qui justifie l'asservissement forcé d'un peuple. Ou "comment nos héroïques batailles se transforment les unes après les autres en sociétés anonymes".
Bout de l'Histoire, aussi, et avant tout, de ce petit pays qui tint en échec coup sur coup deux des plus puissantes nations mondiales.
Sans jamais perdre une seule fois le fil de son récit, avec sa maîtrise magistrale des mots, son sens de la formule, de la dérision qui souligne l'abject, Éric Vuillard nous livre un grand texte, nécessaire et souvent jubilatoire, et d'autant plus en ces temps saturés par le culte d'un fantomatique roman national.
Pour moi, le vrai évènement de ce début d'année littéraire.

Conseillé par (Libraire)
5 janvier 2022

" Que ça doit être bon d'être le plus grand guerrier du monde. "

En choisissant avec malice le prisme du conteur pour nous raconter l'histoire du plus grand héros de la mythologie celtique, - figure tutélaire de l'Irlande, incarnation de l'hubris, de la furor guerrière et de la virilité exacerbée -, Camille Leboulanger déconstruit le mythe en même temps que se construit l'homme. Et lorsque le souffle épique se repose un temps, le miroir de la légende nous donne à voir la folie de la masculinité toxique, pour mieux repenser la figure du héros qui habite notre imaginaire. Passionnant !

21,00
Conseillé par (Libraire)
31 décembre 2021

Un livre absolument nécessaire

Traduit pour la première fois en français, il porte un témoignage glaçant et accablant sur la réalité du racisme dans la France des années 60, la violence systémique et quotidienne, et les événements du 17 octobre 1961.
À l'aune des 60 ans de l'indépendance de l'Algérie, Le visage de pierre apparaît comme une lecture absolument nécessaire, et d'autant plus aujourd'hui.