sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

Conseillé par
12 octobre 2012

Désireuse de résilier son abonnement au magazine Like, Emmi fait une petite erreur de frappe et adresse son mail à Léo Leike. Il lui retourne son message pour lui signaler sa méprise. Elle s'excuse. Tout pourrait s'arrêter là mais l'adresse de Léo est désormais enregistrée dans les contacts d'Emmi et à l'occasion des fêtes de fin d'année et d'un envoi groupé de bons voeux, il reçoit encore une fois un mail. Amusé, il répond et les mails finissent par s'enchaîner. Petit à petit, ils en viennent à échanger des confidences, des plaisanteries, un tendre sentiment s'installe qui ressemble à l'amour. Mais Emmi est mariée, Léo encore fragilisé par sa dernière histoire et peut-on aimer quelqu'un que l'on n'a jamais vu? Leur correspondance amoureuse les satisfait mais il faudra bien se résoudre un jour à organiser une rencontre...

Quand souffle le vent du nord est le roman épistolaire du XXIè siècle, quand les mails remplacent les lettres, quand les rencontres sont virtuelles. Le ton est moderne, léger, vif et percutant, les échanges sont tantôt tendres, tantôt drôles, parfois tristes, parfois optimistes, longs ou courts selon l'humeur. Le fait d'être caché derrière un écran permet à Léo et Emmi de se livrer sans faux-semblants, d'aller très loin dans la confidence. Cet anonymat si confortable devra pourtant être levé tôt ou tard et ils usent de tous les stratagèmes pour reculer cette échéance. Il s'agit d'éviter la déception.
J'ai adoré ce roman, j'ai adoré les personnages, l'évolution de leurs sentiments, de leur relation, le manque qu'ils ressentent quand, par moments, leur dialogue s'interrompt. J'ai vraiment cru à cette histoire bien dans l'air du temps et si Emmi, parfois, m'a énervée, Léo est pour moi le prototype de l'homme idéal. Sensible, drôle, maniant le verbe avec brio, il sait charmer en finesse et en simplicité. A la fin du livre, j'étais aussi accro qu'Emmi et comme elle, je criais : JE VEUX UN MAIL DE LÉO! JE VEUX UN MAIL DE LÉO!

16,00
Conseillé par
12 octobre 2012

Julian, 1 mètre 90 de muscles, le regard bleu acier, champion d'Île de France junior de natation, amoureux de Leila, tout juste bachelier, 18 ans dans quelques jours et bientôt une moto pour emmener Leila en balade. Mais entre lui et ce rêve, il a Louis, son père. Pour obtenir sa moto, il doit battre Louis au bras de fer et ce n'est pas une mince affaire. Personne ne peut battre Louis...

D'ailleurs, le jour J, Julian perd. Dépité, il emprunte une moto, file sur la route et tombe. Amputé d'un bras, Julian voit sa vie s'effondrer, plus d'envies, plus de projets, plus d'avenir. Malgré l'amour de Leila, Julian n'a plus le goût de vivre jusqu'au jour où il fume son premier joint. Sous l'emprise de la drogue, tout redevient possible! Même son bras semble être là à nouveau! Alors pendant que Leila se démène pour faire bouillir la marmite, Julian fume en cachette, puis sniffe de la coke, prend de l'ecstasy, se pique à l'héroïne...Leila est impuissante à stopper cette descente aux enfers, ce tourbillon qui les emporte tous les deux vers le fond. Julian peut-il encore être sauvé?

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas pris une telle claque en lisant un roman! Jérôme BOURGINE raconte une histoire poignante, terriblement dure, choquante parfois mais ce qui fait la force de son récit, c'est la puissance qu'il insuffle à ses personnages. Julian, son mal de vivre, son handicap et sa déchéance sont très bien rendus mais sans trémolos, dans toute la dureté de la réalité des drogués. Le cynisme de ce monde où l'amour, les amis, la famille n'existent plus, la perte de la dignité, le manque, les pensées uniquement tournées vers la prochaine dose, tout est décrit à la perfection et Julian en devient touchant par sa fragilité, même quand il vole, ment, trahit.
Mais même si la drogue tient une grande place dans l'histoire, Bras de fer est surtout un roman sur l'amour, celui incarné par la belle Leila. Une guerrière qui n'a pas eu la vie douce jusqu'à présent et qui met tous ses espoirs dans sa vie à deux avec Julian. Quand son bonheur s'effondre, elle tient bon. Portée par ses sentiments, elle continue à espérer qu'ils finiront par s'en sortir. Sa chute prévisible, loin d'être pathétique, est un hymne à ses sentiments. Leila est un personnage qui émeut certes mais surtout qui force l'admiration.
Et l'amour se retrouve aussi dans ce qui lie Julian à son père, autre personnage clé de ce roman. D'emblée, j'ai aimé cet homme taciturne et pudique. Ouvrier syndicaliste, droit dans ses bottes, il est de cette génération d'hommes durs qui ne font pas dans le sentimental. Parler, rêver, rire, pleurer, se plaindre, ça sert à rien! Et dire aux autres qu'on les aime? Totalement inutile puisqu'il est évidemment qu'on bon mari aime sa femme, qu'un bon père aime son fils. Il lui faudra bien du courage à cet homme d'un autre temps pour accepter un fils écorché vif, remettre en cause ses valeurs et s'ouvrir aux sentiments.
Du début jusqu'à sa fin en apothéose, Bras de fer est une histoire sombre qui prend aux tripes. J'ai du mal à comprendre qu'il soit classé en littérature jeunesse. C'est une lecture d'adulte qui remue, choque et secoue le lecteur.

Anne-Marie Métailié

20,00
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11 octobre 2012

La Capitana, c'est Micaela Feldman de Etchébéhère. Née en Argentine, dans une famille juive venue de Russie, Mika s'investit très tôt dans les luttes pour plus de justice et d'égalité. Avec Hipolito Etchébéhère qui sera son éternel amour, elle va sillonner la Patagonie, puis partir pour l'Europe, en Allemagne et en France, pour toujours être au plus près de ceux qui luttent pour la liberté. C'est tout naturellement et plein d'espoir que le couple rejoint l'Espagne de 1936 pour combattre le coup d'état fasciste aux côtés du front républicain.

Enrôlés chez les miliciens du POUM, ils sont très vite acceptés malgré leurs origines étrangères. Mais c'est seule que Mika deviendra La Capitana, une femme qui gagne ses galons au combat, qui sera aimée et respectée par les hommes qu'elle commande. Ni socialiste ni communiste, plutôt anarchiste, profondément engagée, passionnément anti-fasciste et anti-staliniste, Mika est une ardente héroïne du XXè siècle, une oubliée de l'Histoire qui méritait bien l'hommage que lui rend sa compatriote Elsa Osorio.

D'abord, il faut s'habituer au style d'Elsa Osorio. Certes elle se lance dans une biographie mais pas question pour elle de construire un récit linéaire. Elle passe allègrement de 1922 à 1937, elle part vers 1992 pour revenir en 1933 et ainsi déroule son histoire sans se soucier de l'espace ni du temps. Par ailleurs, elle aime mélanger les points de vue au cours d'un même chapitre passant du "Elle" au "Je" ou "Nous" et même au "Tu" quand elle s'adresse directement à son héroïne. C'est déstabilisant au début puis on s'habitue, ou alors on passe outre tellement son sujet est fort. Car, on se laisse entraîner avec plaisir dans le sillage révolutionnaire de cette Mika. Avec elle, on revit les grands évènements qui ont marqué le siècle, mais de l'intérieur : le communisme balayé par la montée du nazisme à Berlin, les débats d'idées dans le Paris des années 30, les forces en présence pendant la guerre civile espagnole, les tranchées, la boue, le sang, la mort... Eprise de liberté, Mika ne rejoint aucun parti mais souffre de voir les querelles au sein de la gauche, les idéaux bafoués par les manoeuvres du PC, l'anéantissement du POUM.
Décrite par ses hommes comme "un vrai mec", Mika était aussi une femme, amoureuse d'un homme, et leur communion ,autant intellectuelle que physique, leur amour indéfectible l'un pour l'autre et pour la cause, sont autant de moments bouleversants de l'histoire de cette femme courageuse et inoubliable. Merci Elsa Osorio de lui avoir redonné vie à travers cette magnifique biographie.

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10 octobre 2012

Flanqué de sa rigide épouse Nathalie, Simon passe chercher sa soeur Garance pour se rendre à un mariage. Le voyage s'annonce éprouvant : Nathalie râle, Garance ironise et Simon s'isole dans sa bulle. En chemin, ils embarquent Lola, la deuxième soeur qui se joint immédiatement à Garance pour asticoter leur belle-soeur. La petite troupe, une fois sur place, décide de planter là Nathalie et la noce pour rejoindre leur frère Vincent qui n'a pas pu se déplacer. Le temps d'une parenthèse enchantée, la fratrie oublie les soucis du quotidien pour retrouver la complicité d'autrefois.

Ce sont un peu les Bons (Simon, Garance, Lola, Vincent) contre Le Reste du Monde, incarné par la pauvre Nathalie qui, non contente d'accumuler les défauts les plus rédhibitoires, est en plus doté d'un père réac et facho! Et si son seul tort n'était pas simplement d'être la "pièce rapportée", la voleuse de frère?
Alors les Bons sont sympas, drôles, gentils, ils ont bon goût, ils savent ce qu'il faut faire, dire et penser et tous les autres sont des ploucs, point final. Question ouverture d'esprit et tolérance, on repassera et question clichés on est bien servi. Reste la tendre évocation des souvenirs d'enfance, des fous rires partagés mais ils deviennent vite agaçants ces quatre adulescents qui ne veulent pas grandir.
Au final, cela se lit vite et bien (point positif: c'est court) mais franchement GAVALDA nous a habitués à mieux!

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10 octobre 2012

Chez les Tuvache, la mort est un art de vivre. Depuis dix générations, la boutique familiale vend de quoi se suicider de toutes les manières possibles: corde, poison, sabre, etc. Ce n'est pas l'imagination qui manque quand il s'agit d'aider le client à mettre fin à une vie qui ne mérite plus d'être vécue. Sinistres à souhait, Mishima et Lucrèce sont au service des potentiels suicidaires et leurs enfants, Vincent et Marilyn, feront, un jour, de dignes héritiers. Tout irait pour le mieux dans la morosité et la tristesse s'il n'y avait Alan! Le petit dernier de la famille est tel une pomme saine dans un panier de pommes pourries! Toujours souriant, il respire le bonheur et la joie de vivre et cette bonne humeur permanente risque bien de mettre en péril un commerce jusque là prospère...

C'est une grande première mais je dois bien avouer que Jean TEULÉ m'a déçue...Le cynisme et l'humour ne me font pas peur, au contraire, j'aurais plutôt tendance à aimer ça. Mais là franchement ce n'est pas drôle! A vouloir trop bien faire, TEULÉ en fait des tonnes, en rajoute une couche, pour bien faire comprendre à son lecteur à quel point son ersatz de famille Addams est sinistre. Oui, oui, on a compris et maintenant quoi? On attend de la finesse pas de la caricature! Les gags sont tellement grossiers et répétitifs qu'ils tombent à plat, l'humour est lourdingue, l'histoire sans intérêt. Mais j'ai lu tant de bonnes critiques au sujet de ce livre, qualifié parfois de "bijou d'humour noir" que je me pose des questions... Quoi qu'il en soit, je suis complètement passée à côté...