Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

https://lecturesdereves.wordpress.com/

Conseillé par (Libraire)
4 septembre 2013

Ce n'est pas un manuel...

J'ai beaucoup aimé ce livre que je place dans le panthéon de mes lectures de rentrée.
Ne vous fiez pas au titre, ce n'est pas un manuel, ni au ton déjanté de ce roman, il est sérieux, noir, très noir.
Les personnages sont burlesques, cocasses, délirants... ils sont surtout brevetés par Helwett Packard, ou bien leur corps est modifié par des gènes d'animaux. Tout est désormais sous copyright et le monde est devenu le vaste supermarché des frères Eichmann, des rapaces qui n'aiment que l'argent. Avec un style loufoque et des situation abracadabrantes, Thomas Gunzig nous dessine un futur noir et cauchemardesque tout en nous faisant réfléchir à des sujets sérieux : la mise sous brevet du vivant, le transhumanisme, l'exploitation généralisée des travailleurs par une caste de de dirigeants "upgradés", le triomphe de l'économique et du management commercial dans la vie sociale.
Vraiment ce roman est une réussite. C'est une fable qui vous fera rire, mais quand vous retrouverez votre sérieux, vous vous demanderez : "Survivrai-je dans ce monde ?"

Conseillé par (Libraire)
30 août 2013

Des Manouches dans un camp

Paola Pigani sait ce qu'être étrangère. D'origine italienne, sa famille et elle étaient les seuls étrangers de leur village en Charente. Ils sont entrés en relation avec d'autres étrangers, les manouches qui venaient vendre leurs tissus. Puis son frère a épousé une Winterstein. Sa fille dont l'enfance a été nomade, lui a raconté la vie de sa grand-mère Alexienne, internée au camp des Alliers, près d'Angoulême.
Paola Pigani raconte la vie de ces Manouches qui ont été parqués, qu'on a obligé à vivre pendant plusieurs années et même après la fin de la Deuxième guerre, dans des baraquement insalubre, qui ont vu des détériorer leurs traditions, leurs savoirs. Elle raconte comment on leur a volé leur liberté et détruit leur honneur, et comment ils sont restés fiers et sauvages malgré tout.

Ne pas s'étonner de ce qu'il n'est pas si aisé d'entrer dans ce texte. "J’écris sur des silences, sur un lieu qui n’existe plus" dit l'auteur. C'est la vie dans un camp d'un peuple de voyageurs qui ne voyagent plus. Des disparus, en quelque sorte. Puis, peu à peu, on s'immerge dans la vie du camp.On commence à saisir ce qui fait l'âme de ce peuple de nomades. Et après la mort de sa mère, quand Alba prend sa dimension de femme, s'affirme, tient tête, mène librement sa vie, que la communauté retrouve la liberté et la fierté d'être nomade, le roman prend son ampleur et son unité. On comprend alors qu'on est depuis le début entré dans l'intimité de ces personnes, mais qu'elles végétaient dans le camp et que cela nous pesait, parce qu'elles ne peuvent vivre que libres.
"N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures" est un beau texte poétique, qui honore le devoir de mémoire. C'est aussi un texte à lire alors que la question des nomades en Europe continue de faire l'actualité et que resurgissent les pires fantasmes.

Conseillé par (Libraire)
28 août 2013

Une enfance triste, finalement...

En Amérique dans les années 70, pour les parents de Saïd, le militantisme politique est la chose la plus importante au monde. Plus importante, même, que Saïd. Le père, iranien d'origine, émigre à New-York et milite à une poste de cadre du parti des travailleurs. La mère, juive américaine, dépressive, est une fervente et active trotskiste. Si le père préfère la lumière, la mère choisit de vivre selon ses idéaux, pauvrement dans des quartiers de seconde zone, en boycottant certains produits, en s'interdisant toute futilité.
La manière dont ce récit raconte les adultes en fait des personnages semblables aux membres d'une secte, intellectuellement inféodés à une idéologie, avec des relations limitées, une vie étriquée. Saïd vit une enfance sans joie, sans marques d'affection, une vie sérieuse, mais Saïd Sayrafiezadeh la raconte avec humour. Même si le propos est souvent cocasse, c'est un récit mélancolique.

13,00
Conseillé par (Libraire)
28 août 2013

Est-ce tromper ?

Béatrice vit avec Angel, qui ne la touche plus. Au sens propre seulement, parce qu'Angel la désespère, la bouscule, l'insulte. Béatrice cherche un homme sur des sites de rencontre. Elle trouve Vanessa85 qui se révèle avoir une identité sexuelle ambigue. Puis elle se lie à un inconnu qu'elle va chercher dans une gare de Paris. Ils passent une journée ensemble, font l'amour, évidemment. Mais elle ne trouve pas son compte dans ces quelques heures. Elle est obsédée par son passé, déçue de ce présent, incertaine de tout.
C'est un beau texte, une belle écriture. A déguster sans se presser. Ceux qui, le dimanche, l'écoutent dans Les Papous, reconnaîtront les jolies tournures de certaines phrases, peut-être même croiront-ils entendre la délicieuse voix d'Eva Almassy !

roman

13ème note éditions

Conseillé par (Libraire)
20 août 2013

L'histoire peut se résumer ainsi : c'est une histoire d'amour qui débute par un coup de foudre, une relation où l'on baise autant qu'il est possible et qui se termine mal.
Donc Max Zajack et la belle Olivia sont très amoureux. Max se dit et se veut écrivain, ce qui l'autorise à ne rien glander, sauf quand il fait l'amour avec Olivia, pour saisir l'inspiration si elle se pointe. Comme il faut bien manger et se loger, il travaille parfois. Il fait un concert dans un rade miteux, il a un job de correcteur dans un vague magazine, rien de bien glorieux. Puis Olivia, qui aime l'argent, commence à cumuler les absences.
Max est un loser, un type qui se rêve un grand destin. Certes, il lit beaucoup, du John Fante, du Bukowski, Henry Miller, mais il écrit peu. Son angoisse et ses doutes vont dégrader peu à peu la relation fusionnelle qu'il entretient avec Olivia, jusqu'à ce qu'elle devienne une torture quotidienne, une suite de mesquineries.
Marc Safranko livre une autofiction comme on en a déjà lu. Mais avec un style soigné, voire raffiné, un vrai sens de la formule, un propos désabusé, un humour désinvolte, un ton mélancolique, c'est un roman qu'il ne faut pas manquer.