Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

https://lecturesdereves.wordpress.com/

Un roman de pirates

Le Rouergue

21,80
Conseillé par (Libraire)
10 février 2016

Un roman pour s'en aller loin...

Sylvain Pattieu a écrit un roman de pirates, un vrai avec des voiliers, dont un navire marchand, des capitaines impitoyables, des marins hommes d'honneur, des prêtres harangueurs, des esclaves dignes, des prisonnières qui se prostituent, une femme déguisée en homme à la tête d'une troupe de soldats. Les pirates sont des abolitionnistes, des démocrates, des justiciers, même s'ils sont cruels, débauchés, sanguinaires...
Dans cet épais roman, il n'y a pas de dialogues, il y a des digressions et des anachronismes qui font rentrer le réel dans l'histoire, il y a des sermons, des complots, et à quelques reprises, un délicat hommage à sa mère disparue.
Son roman est plein de tempêtes, de scènes de la vie maritimes, d'abordages et de batailles au sabre, de canonnades, de tout ce qui constitue un roman de pirates. Il est aussi une réflexion sur la dignité de l'homme, la liberté, la justice, la mort, la religion, la fraternité, sur l'utopie d'une démocratie à l'écart du monde, sur une île.
À la fin du livre, une playlist imposante de tous les livres qui ont nourri son inspiration et des remerciements à ceux qui l'ont accompagné.

Un roman qui embarque sans donner le mal de mer, une histoire qui vous emportera loin.

globules et raviolis

Vraoum

15,00
Conseillé par (Libraire)
5 février 2016

Lecture revigorante

Dans cette bande dessinée autobiographique, Alice Baguet raconte qu'à 19 ans, elle a eu à combattre un cancer du sang qu'elle a vaincu.
Si la BD est délirante, si elle témoigne d'un sens assumé du comique, ne croyons pas que tout a été facile, c'est simplement que larmoyer n'est pas ce que sait faire la jeune graphiste. Elle a du tempérament et décide de se battre contre son "jean-Pierre". Même dans les moments difficiles, elle garde un solide moral. , ce qui nous vaut cette BD dans une tonalité dynamique, l'orange
Cette petite BD devrait se trouver dans tous les services d'oncologie pour montrer aux petits, et aussi aux grands, que le combat n'est pas perdu d'avance, qu'il ne sera pas facile, mais qu'il peut se gagner. Et pour montrer que le moral à sa part dans toute guérison d'une maladie, fût-elle une "maladie de Hodgkin de type scléronodulaire"
Nous recommandons vivement, même si ce n'est pas remboursé par la Sécurité Sociale.

20,00
Conseillé par (Libraire)
22 janvier 2016

Voici un thriller noir et foisonnant. Terrorisme, trafics d'influences, falsifications, flics ripoux, corruption, meurtres, trafic de drogues, tous les ingrédients d'un monde sur lequel règne la mafia, laquelle feint de lutter contre l'ETA. Tout au sommet, mais peu visible, Javier Cruz, le policier censé assurer la sécurité des citoyens basques. Ce monde fonctionnerait très bien s'il n'y avait deux empêcheuses de tourner en rond, une flic pugnace et déterminée qui se nomme Emma Lefèbvre et , une belle prostituée qui répond au nom de Macrina.
Au fer rouge est un roman ambitieux qui, à partir de la découverte d'un cadavre dans une malle échouée sur une plage, montre la collusion compliquée de l'antiterrorisme français et espagnol avec des voyous, et ceci avec l'accord des autorités locales, administratives, politiques et économiques qui tirent profit de leurs trafics.
Outre l'intrigue bien maîtrisée, l'auteur décrit des personnages aux caractères différents, voire opposés. Il rappelle leur passé que ce soit pesant, pour que le lecteur puisse cerner les ressorts de leur motivation.
Le nombre de personnages étant important, le lecteur sera bien avisé de les identifier avec soin dès le début de sa lecture.
Une plongée dans un monde nauséabond, qui a pris de très mauvaises habitudes, dont on souhaite qu'il demeure une fiction.

Quand on ne peut pas sauver tout le monde

Albin Michel

16,00
Conseillé par (Libraire)
22 janvier 2016

Cet ouvrage traite d'une question taboue : la question du tri entre les vies.
Il le fait à partir de la littérature (la trilogie Hunger Games, Les misérables de V. Hugo), du cinéma (Le choix de Sophie...), des séries télévisées (Homeland), de l'histoire (les camps de concentration), des questions de santé (l'urgence médicale, le grand âge). Au bout de tout ceci, il pose une question lancinante et terrible : "qui sauver quand on ne peut sauver tout le monde ?" (p. 193).
Évidemment, on peut lire cet essai en ne retenant que l'aspect morbide de l'impossibilité de sauver tout le monde, en se résignant à ce qu'il y ait toujours des "sacrifiés). Mais on peut décider de ne pas se laisser enfermer dans une logique de l'impuissance et du tragique dépressif, de rechercher des issues par le haut : de pratiquer la justice et le partage en recherchant toutes les égalités, de gaspiller moins et d'augmenter nos ressources pour éviter la pénurie écologique d'eau, de matières premières, de produits alimentaires, d'analyser notre imaginaire pour ne pas devoir choisir l'ombre.
Un très bel essai, stimulant pour la réflexion, qui nous confro,nte à une éthique de la difficulté.

Martin Amis

Calmann-Lévy

Conseillé par (Libraire)
9 janvier 2016

Martin Amis met en scène le camp de concentration Kat Zet 1 situé en Pologne. Son commandant, Alfred Doll est un homme surchargé de travail, un alcoolique cruel imbu de sa personne. Son épouse Hannah est une belle aryenne, mère de deux jumelles, elle est en désaccord avec Doll. L'officier SS Thomsen est un arriviste surtout obsédé par le désir de mettre la femme de son commandant dans son lit. Le kapo Smulz est le chef du Sonderkommando, du personnel camp. Cet homme triste se rend complice du meurtre en masse de ses coreligionnaires pour survivre le plus longtemps possible et témoigner.
Ce qu'écrit Martin Amis est choquant du fait de son burlesque. Il décrit la cruauté illimitée de l'univers concentrationnaire. Il montre des hommes réduits à l'état de pièces dans cette mécanique du meurtre organisé comme une industrie. Le lecteur est partagé entre l'horreur qu'il éprouve pour un monde décrit comme une farce et pourtant tragique, et le dégoût éprouvé pour ces hommes qui n'en sont plus, à moins qu'ils ne soient devenus fous.
Car ce qui meut ces gens est leur folie à laquelle ils obéissent aveuglément.
Un roman extrêmement documenté, très dérangeant, éclairant sur la possibilité de la folie destructrice des humains, qu'on ne lâche pas tout en essayant de ne pas croire à la réalité de ce qu'on lit.