Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

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Actes Sud

13,80
Conseillé par (Libraire)
18 mai 2016

"Treize hommes" est une enquête approfondie réalisée par une journaliste indienne, Sonia Faleiro, sur le viol en réunion d'une jeune femme de 20 ans dans le village de Subalpur, à l'ouest du Bengale. Indépendante, la jeune femme entretenait une liaison avec un "outsider", un homme n'appartenant pas à la communauté villageoise, et qui, en plus, est musulman. Un conseil tribal décide de la punir. Elle sera violée au cours d'une nuit, par treize hommes du village. Un procès s'en suivra, dont l'issue reste incertaine.
Cette enquête met en évidence la complexité des relations sociales dans les campagnes indiennes. Ces populations n'ont pas accès à la modernité, vivent dans une pauvreté extrême et gardent vivantes des traditions qui peuvent être brutales et violentes. Elle montre aussi les manipulations des politiques et entreprises qui cherchent à confisquer les terres des paysans Santal pour en faire des carrières.
Sonia Faleiro dénonce les violences sexuelles faites aux femmes et la misère dans laquelle vivent les tribus. Une misère qui empêche d'être optimiste quant l'évolution des mœurs de ces tribus.

Conseillé par (Libraire)
4 mai 2016

Paul Jorion s'étonne que les humains se comportent comme des lemmings, ces petits rongeurs qui s'installent dans une vallée, la consomment jusqu'à l'épuisement avant d'aller s'installer dans la suivante. Quand les humains auront dévasté la planète, à la différence des lemmings, ils ne pourront aller s'installer sur une autre...
Alors l'anthropologue essaie de nous réveiller. Avec sa solide expérience de trader, il commence par une critique sévère et très argumentée de notre système économique qui a viré au capitalisme financier ultra-libéral, lequel ne vise que la croissance, la consommation incontrôlée, l'augmentation des richesses des plus riches au détriment du bien commun. Il démontre que le monde économique a pris le pouvoir sur les politiques qu'il force au court‑termisme, qu'il a perverti notre État-providence en le faisant reposer sur la seule croissance. Il critique les religions révélées qui promettent un paradis après la mort, qui détournent l'homme de l'intérêt pour une vie bonne sur cette terre en lui enjoignant de "ne pas aimer le monde". Comme l'homme ne cesse de chercher le progrès technique, il envisage la "singularité", ce moment où l'intelligence des machines dépassera celle des hommes. Les robots feront le travail des humains, prendront soin de la planète à la place des humains et pourraient même détruire cette humanité qui met la planète en danger.
Paul Jorion convoque les grands philosophes pour renforcer son argumentation ainsi que les économistes classiques pour montrer la vacuité prétentieuse de la "science économique". Si son propos est parfois décalé et digressif, il n'en reste pas moins alarmant. Il tente de faire réagir le lecteur, de constituer une masse critique qui aurait une réaction collective et mondiale. Mais la catastrophe est proche, avons-nous encore envie ? Avons-nous l'énergie nécessaire pour empêcher la catastrophe ? Ou avons-nous commencé à faire le deuil de l'espèce humaine ?

7,90
Conseillé par (Libraire)
23 avril 2016

Stéphane Geffroy travaille dans un abattoir, précisément "à la tuerie", cet endroit clos que l'on ne visite pas, où les bêtes arrivent sur leurs pattes, sont tuées et sont ressortent réduites à l'état de carcasses tranchées en deux.
Il raconte le dur travail qui se fait à la chaîne, l'odeur âcre du sang qui gicle, le bruit des scies, le chuintement des circuits pneumatiques. Un métier si dur "qu'à cinquante ans, on est usés" par les hernies, les épaules en compote, les blessures fréquentes avec les couteaux malgré les protections. Un métier dont la pénibilité est mal connue.
A la tuerie, l'homme n'est plus vraiment humain. Ce n'est pas un métier "considéré". Il est difficile de se dire tueur à l'abattoir sans provoquer une crainte, un recul. Les hommes sont des taiseux. Mais Stéphane Geffroy a été élu représentant syndical ce qui l'a valorisé, donné de l'assurance et de la fierté de sa personne. Il y a trouvé une forme de reconnaissance. Puis il a été tiré au sort pour siéger dans un jury d'assises. Là, dit-il, "nous étions tous sur un pied d'égalité". Il est devenu un homme comme les autres.
Stéphane Geffroy a été accompagné par Pierre Rosanvollon dans la rédaction de ce récit. L'écriture est simple et claire. L'auteur dit ce qu'il a à dire sans rechercher à faire effet. Parfois, cette expression sans fard donne l'impression de l'écouter parler.
J'ai aimé ce livre fort et émouvant. Il nous fait voir un de ces travailleurs discrets et invisibles. C'est un livre utile dans un pays dont l'une des valeurs et l'égalité de tous.

Partout dans le monde des solutions existent

Actes Sud

22,00
Conseillé par (Libraire)
18 avril 2016

Si vous avez vu et aimé le film "Demain" et que vous n'avez pu retenir de nombreux détails, lisez ce livre passionnant. Vous y trouverez en plus, des entretiens qui n'ont pu être insérés dans le film, comme Eric Scotto, PDG d’Akuo Energie, Hervé Dubois, porte-parole
de la Banque WIR, L'économiste Michael Shuman et quelques autres... Comme le dit Cyril Dion dans sa conclusion, ce livre sert aussi "à raconter une autre histoire, à inspirer, à donner envie d'imaginer l'impossible, à modifier nos représentations du monde." Un livre important pour comprendre qu'on peut changer la vie du monde, que chacun peut changer sa vie. Un livre qui rend optimiste.

18,50
Conseillé par (Libraire)
26 mars 2016

"Échapper" évoque un autre roman, "La leçon d'allemand" de Siegfried Lenz, un écrivain allemand décédé en 2014. Pour échapper à une vie douloureuse après la séparation d'avec Esther, la femme qu'il a passionnément aimé, Augustin part à Husum, un village du nord de l'Allemagne, tout proche du Danemark, pour se mettre à l'abri dans le roman de Lenz, en relisant les phrases et en vivant quelques temps dans les lieux qui sont le cadre du roman. Augustin a l'ambition d'écrire une suite à "La leçon d'allemand". Il enquête sur le héros, le peintre Emil Nolde, et trouve dans son histoire un écho à la sienne propre, une ressemblance.

Tout en vivant dans ce lieu et dans la mémoire des personnages, Augustin s'interroge sur la création artistique et littéraire, sur le mal et sur l'héroïsme de l'artiste (Emil Node a souffert du nazisme), sur la relation amoureuse et son deuil lorsque les amoureux se quittent, sur la possibilité de vivre un nouvel amour, ou d'être amoureux d'une personne tout en restant fidèle à son compagnon, sur la liberté des parents que quittent les enfants devenant adultes, sur la vie en solitaire, sur la beauté.

Lionel Duroy fait dire à Augustin, qui apparaît comme son alter ego, que "c'est en écrivant la vie [qu'il] parvient à l'attraper, à la faire exister". Ce faisant, il nous donne un magnifique roman fortement introspectif et souvent émouvant.