Librairie Coiffard ..

Actes Sud

20,00
Conseillé par (Libraire)
12 octobre 2019

Conseillé par Agathe

Le nouveau roman de Juli Zeh est surprenant et addictif. Coupé en deux parties distinctes, il nous bluffe par son histoire et son retournement de situation inattendu.

Une famille allemande, un père qui est aussi le narrateur, sa femme et leurs deux enfants décident de passer les fêtes de fin d'année sur l'île espagnole de Lanzarote. La première partie est axée sur le père de famille qui, armé d'une motivation à toute épreuve, décide de gravir la pente la plus raide de l'île avec son vélo de location. Lors de son ascension, l'homme mal équipé et malmené par un soleil trop brûlant, se remémore Noël ainsi que le réveillon du nouvel an dans cet endroit qui l'a toujours attiré. Il ne saurait dire pourquoi mais cette île en particulier l'a toujours appelé, et cette année il a décidé d'y emmener sa famille. Il pense à cette famille justement, sa femme, ses enfants, et cet homme nous touche par son pathos. De nombreuses pensées l'assaillent, à propos de son rôle de parent, la place que prennent ses enfants dans sa vie, mais aussi sa relation amoureuse avec sa femme qui change avec le temps. Lors de ce véritable dépassement de soi que représente cette montée à vélo il s'interroge aussi sur la nature de cette curieuse angoisse qui l'habite depuis toujours et l'attaque par surprise depuis son plus jeune âge. La chose comme il l'appelle, d'où vient-elle ? Peut-être a t-elle un lien avec cette île ?

Et puis tout bascule.

L'histoire est renversée et le roman prend une tournure inattendue. Le texte qui jusqu'alors était empreint de pathos, d'espoir et même un peu d'humour, devient stressant et dramatique. Et c'est dans cette situation d'attente de savoir ce qu'il va se passer que le lecteur, s'accroche aux dernières pages, comme le père de famille s'accroche désespérément à son guidon de vélo. Un roman de pure tension psychologique, à découvrir sur la champ !

Les Éditions Noir sur Blanc

17,00
Conseillé par (Libraire)
12 octobre 2019

Conseillé par Agathe

Il s'en passe des choses dans ce petit quartier de Palerme nommé Borgo Vecchio. Ce texte court aux allures de conte et de pièce de théâtre foisonne de personnages hauts en couleurs, même si l'on parle ici des couleurs sombres de la pauvreté et du crime.

Il y a le jeune Mimmo, qui observe la vie et est indissociable de son ami de toujours, son complice : Cristofaro. Ce dernier, enfant brutalisé par son alcoolique de père, tous les soirs ferme les yeux et encaisse les coups. Ces deux rêvent de devenir comme Toto, ou mieux encore, que Toto devienne leur papa. Un homme modèle ce Toto ! Connu et reconnu pour ses nombreux larcins, il y a bien une seule chose que ce pickpocket - dont la discrétion et la rapidité ne sont plus à prouver - n'arrive pas à voler, c'est l'amour de Carmela. Carmela la prostituée, Carmela la fervente croyante, Carmela la fille de mauvaise vie qui fait tourner les langues des commères du quartier mais aussi Carmela, que l'on désire, à la peau veloutée qui chamboule les têtes de ces messieurs. Carmela la maman de Céleste. L'enfant candide et brillante, qui observe le monde de son balcon lorsque sa maman travaille. La jeune fille dont Mimmo est amoureux également. Les histoires se mêlent et s'entremêlent, pour se rejoindre et s'éloigner à nouveau. Une mélodie italienne avec des airs de "l'Art de la Joie" de Sapienza, quel bonheur de retrouver un peu de la Sicile dans ces quelques pages. Bien qu'il soit court, ce texte est dense et chaque mot est empreint d'une force narrative qui lui donne une atmosphère particulière. Nous sommes happés dans cette vie de quartier partagée entre résignation et espoir, jusqu'au dénouement final dramatique à souhait, cathartique mais empreint de beauté et de renouveau.

19,90
Conseillé par (Libraire)
12 octobre 2019

Conseillé par Agathe

Nous sommes au XIXe siècle à la Salpêtrière : « Entre l'asile et la prison, on mettait à la Salpêtrière ce que Paris ne savait pas gérer : les malades et les femmes. ». Vous l'aurez compris, c'était alors le repère de toutes ces femmes considérées comme folles, internées souvent de force par leur famille, leur mari ou encore par la police, ces « hystériques » formaient une partie des rebuts de la société. Parce qu'elles effrayaient et étaient incomprises, ces femmes étaient vouées à une vie d'emprisonnement et de prétendus soins forcés. On y croise un certain Charcot et ses méthodes douteuses d'hypnose.
Plusieurs femmes dirigent le récit : Geneviève, une infirmière de longue date dont la foi en la science et en Charcot est inébranlable, la jeune Louise, abusée sexuellement par son oncle dont le corps traumatisé est secoué de violentes crises de convulsions et puis il y a Eugénie, tout juste internée de force par son père car elle lui a avoué avoir la faculté de voir et communiquer avec les fantômes. Avec cette dernière, le roman prend une véritable tournure surnaturelle, les frontières du réel sont minces et l'enjeu du roman tient justement sur cette faculté de remise en question de nos propres croyances. L'histoire de ces femmes est rythmée par l'avancée du bal de la mi-carême, une occasion à ne manquer sous aucun prétexte car considéré comme l’événement parisien de l'année ! Durant ce bal, les sains d'esprit se mêlent aux folles pour un joyeux mélange excentrique, afin de mieux se moquer de ces pauvres femmes. C'est à ne plus différencier qui est fou de qui ne l'est pas.

Une histoire magnifique dans un contexte historique plutôt inédit mené par des personnages féminins complexes : ce premier roman est une grande réussite.

21,00
Conseillé par (Libraire)
12 octobre 2019

Conseillé par Agathe

Ce roman chorale est tout d'abord l'histoire d'une adolescente sur le point de rentrer en dernière année de lycée et de son agression.
À la fin des vacances d'été, alors que la jeune fille travaillait, celle-ci se fait agresser par un client énervé et frustré dans l'arrière-cour de son lieu de travail. La jeune fille se met alors à hurler. Elle hurle tant et si bien qu'elle finit par rameuter presque toute la ville. Les habitants, attirés par ces cris de détresse affluent afin de découvrir quelles sont les raisons de ces bruits stridents. « Il y a eu des attouchements » dira-t-elle plus tard aux enquêteurs.

Mais la jeune fille ment. Elle ment comme elle respire.

En manque d'attention et de reconnaissance, la jeune fille y a vu l'occasion de devenir quelqu'un d'important, son besoin d'exister étant plus fort que tout, plus fort même que son sens moral.

Bientôt le mensonge prend une ampleur inconsidérée, elle est invitée au journal télévisé local, puis national, et devient une sorte d’icône de courage et de féminisme, quant à l'agresseur innocent, il est menacé d'emprisonnement. La jeune fille est prise à son propre piège face à ce gros cas de conscience, emportée dans la spirale vicieuse du mensonge. Elle ne peut désormais plus reculer.

Parallèlement, nous faisons la connaissance d'un jeune homme et d’une retraitée, tous les deux également mouillés dans des mensonges trop gros pour être démentis.

Voilà un récit véritablement drôle et cynique car criant de vérité. Tous les personnages sont en proie à des insécurités, le mensonge semblant être la seule arme dans cette ville pour attirer l'attention, se faire remarquer et arriver à ses fins. Ces mensonges enflent pour devenir de plus en plus volumineux, la cruauté humaine avec, et nous lecteurs jubilons de ces situations indémêlables.

Sabine Wespieser Éditeur

21,00
Conseillé par (Libraire)
12 octobre 2019

Conseillé par Agathe

Attention, voici un roman coup de poing. Un de ces romans qui secoue, brusque et ne laisse pas indifférent : il s'agit bien là du dernier ouvrage d'Edna O'Brien.

Inspiré de faits réels et notamment du mouvement « Bring back our girls » d'il y a quelques années, Edna O'Brien aborde l'histoire des jeunes nigériennes enlevées par une nuit sombre, à leur village, à leur famille, à leur vie toute entière par les hommes de Boko Haram.

Dans ce roman écrit à la première personne, nous suivons alors le tragique destin de Maryam enlevée avec d'autres jeunes filles de son école. Son histoire nous choque et nous tient en haleine, pas seulement de par les atrocités sans nom que lui feront subir les djihadistes mais aussi et surtout de par son tout jeune âge.

C'est une narration précipitée que nous offre Edna O'brien, avec la volonté, forte et viscérale, de la jeune Maryam de survivre à tout prix, s'échapper de cet enfer, et retrouver la vie paisible qu'elle menait avant cette terrible nuit où elle fut emmenée. Réussira-t-elle à s'enfuir ? Et si par chance elle y arrive, Maryam pourrait bien faire face à une véritable crise identitaire et à des questionnements multiples : à mi-chemin entre l'enfance et l'adolescence, qui est-elle vraiment ? Face au malaise de son entourage devra-t-elle agir comme si rien ne s'était jamais passé ? Plus important encore, quels liens du sang seront les plus importants ? Ses parents ou bien son nouveau-né fruit d'une union dites « impure » ?

Poignant, dur, violent, mais haletant, "Girl" est, à mon sens, un des livres fort de la rentrée littéraire: à lire d'une seule traite.