Xviie siecle 2021, n.290, Pascal, le cœur et la raison
EAN13
9782130828662
ISBN
978-2-13-082866-2
Éditeur
Presses universitaires de France
Date de publication
Collection
XVIIE SIECLE
Dimensions
24,1 x 15,5 x 1,3 cm
Poids
328 g
Fiches UNIMARC
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Xviie siecle 2021, n.290

Pascal, le cœur et la raison

Presses universitaires de France

Xviie Siecle

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« Le cœur et la raison » : le plus souvent comprise sur le mode de l'antithèse, l'alliance de ces deux termes nous apparaît convenue. On connaît la formule désormais éculée : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point ». Et cette formule, qui se cite, qui se répète, qui circule aussi facilement, peut-elle s'interroger encore ? L'intensité de sa circulation ne la dérobe-t-elle pas à la réflexion, voire à toute forme de perplexité ?

On sait que la distinction de la raison et du cœur au jour dans les Pensées ne s'est pas imposée d'emblée à Pascal. L'opuscule De l'art de persuader (v. 1655), travaillait l'opposition cartésienne de l'entendement et de la volonté. Ce plus tard que le Pascal des Pensées propose de faire dépendre l'exercice de la raison de la disposition d'un cœur désormais compris comme double instance et des principes de la connaissance et des principes de la volonté.

Loin que ce cœur ait cependant rien de déraisonnable, et que son opposition à la raison doive être absolument durcie. Chez Pascal, l'opposition entre cœur et raison n'est pas si franche qu'il ne semble. Les Pensées s'attachent plutôt à penser l'unité de ce qu'elles distinguent. Les ordres de l'esprit et du cœur se soutiennent réciproquement sans se contredire, elles refusent aussi d'envisager cette réciprocité en termes de complémentarité : le cœur n'est pas l'autre de la raison. Pascal invite à y reconnaître plus profondément un « régim[e] de rationalité ». De même qu'esprit de géométrie et esprit de finesse participent également de l'ordre de la raison, l'ordre du cœur n'est, à son tour, nullement exclusif de du premier – l'inverse n'étant d'ailleurs pas moins vrai. Alors même qu'il semble emblématiser le fonctionnement de la raison, l'esprit de géométrie n'en est pas moins présenté par Pascal comme « mettant en œuvre [cette] dimension du ‘sentir” » qui est l'apanage du cœur, en invitant dès lors à prendre acte d'une « infiltration par le sentiment » du domaine rationnel et à ne pas procéder trop vite à une mise en tension simpliste des facultés de la connaissance.
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