Nora
EAN13
9782714310361
ISBN
978-2-7143-1036-1
Éditeur
José Corti
Date de publication
Collection
domaine français
Nombre de pages
288
Dimensions
18,1 x 13,6 x 2,2 cm
Poids
296 g
Fiches UNIMARC
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Offres

Six contes enchâssés autour de la figure de Nora, six variations autour d'un thème cher à l'auteur : la sexualité et ses nombreux écarts.

On aurait tort de ne voir en Nora qu'un récit érotique de plus.

La sexualité est ici un point de départ, non une finalité. Grâce à elle, et malgré nous, se précisent des forces qui repoussent les murs, qui étirent nos limites, qui montrent à la fois l'humain dans sa complexité et le monde dans son infinité.

Le sexe quelles que soient ses manifestations est toujours une chance. Sortir de nous, sortir de ce que l'on a fait de nous, tel est un but qui parfois au hasard de ces pages semble effroyablement,délicieusement accessible. R.A.
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Commentaires des lecteurs

Conseillé par
1 septembre 2010

Nora de Robert Alexis

Avec cette sixième parution aux éditions Corti, Robert Alexis pourrait s’inscrire dans la lignée des romanciers de l’inavouable.

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Le Matricule des Anges

Dans La Robe, le personnage du sexologue, Magnus Herchfeld, vouait ses recherches aux déviances et à la perversion. Ce roman comportait-il déjà en germe le médecin aliéniste des Figures?

Sans aucun doute. Le problème de la multiplicité des identités est au coeur de mes préoccupations. Il y a dans « La Robe » et dans « Les Figures » la même volonté de lutter contre la dangereuse notion d’identité. Nous pouvons être tellement de choses à la fois ! Encore faut-il, d’abord, pouvoir se débarrasser de ces « évidences» qui nous collent à la peau depuis l’enfance. J’ai tout fait dans ma vie, et ce bien avant de paraître en librairie, pour me libérer de ces illusions...
Mots, notions, idées toutes faites, vieille argile de l’éducation, poids des antécédents, de la morale, des conventions, etc. En tant qu’une voie de recherche, le roman doit tenter d’aller le plus loin possible dans le « débroussaillage », apporter un nouvel éclairage, même ténu, sur ce que l’on nomme le réel. Il n’y a donc pas d’écrit sans cette lutte, ardente, intérieure, d’un auteur contre ce qu’imposent les cultures. Du fait de vivre en communauté, les hommes adoptent trop volontiers des réflexes moutonniers et sécurisants. L’intersubjectivité conduit le plus souvent aux jugements acceptables, plats, issus du consensus ; c’est la pensée de « l’honnête homme » cette gélatine nauséeuse où l’on plonge la main en quête de modèles acceptables, et surtout reconnaissables : voilà comment je dois m’habiller, voilà comment je dois penser et me conduire en telle occasion, voilà ce que doit être un roman, un écrivain, un homme ou une femme...
Le héros de « La Robe » et étienne de Creyst partagent avec moi ce goût pour la multiplicité. Je n’aurais su les faire vivre si je n’avais été moi-même une femme et une bête, selon un secret que je partage avec le chevalier d’éon et tout ce qui vit dans ma chair en tant que moi originel.

Lire la suite de l'entretien Robert Alexis - Benoît Legemble pour le Matricule des Anges n°97 sur le site de l'éditeur

Un extrait de Nora

Si je devais trouver un point de départ aux curieux développements de ma vie ces dix dernières années, je choisirais sans hésiter le moment où Nora, assise jambes croisées au coin d’une table, une main posée en soutien de la tête, parlait sans que je retienne le moindre de ses mots. Non qu’elle fût tout à coup devenue inintéressante — ou ennuyeuse – elle était l’une de mes rares connaissances à toujours choisir des thèmes de conversation qui pussent me distraire – mais en raison d’un phénomène nouveau qui semblait vouloir désengager ma présence en s’attaquant à ses fondations : la capacité physique de l’écoute, cette patience qui admet l’autre en tant qu’acteur possible.

J’avais déjà, comme tout un chacun, éprouvé de ces absences si agaçantes pour l’interlocuteur. Une remarque suffisait à les briser et à refaire surface, selon l’expression que Nora affectionnait.
Mais cette fois, il en allait tout autrement. Une force plus considérable m’empêchait de rétablir le lien qui m’unissait, bien au-delà de la jeune femme, au monde ancien.

Le même réflexe qui pousse un noyé à s’agripper aux roches glissantes me retint sur la ligne de séparation des genoux posés l’un sur l’autre. Les chairs légèrement comprimées produisaient un renflement vite effacé en lisière de la jupe ; on le devinait, plus haut sur la cuisse, gagner en
importance et gonfler le tissu en une rondeur exquise.

Si je devais trouver un point de départ aux curieux développements de ma vie ces dix dernières années, je choisirais sans hésiter le moment où Nora, assise jambes croisées au coin d’une table, une main posée en soutien de la tête, parlait sans que je retienne le moindre de ses mots. Non qu’elle fût tout à coup devenue inintéressante — ou ennuyeuse – elle était l’une de mes rares connaissances à toujours choisir des thèmes de conversation qui pussent me distraire – mais en raison d’un phénomène nouveau qui semblait vouloir désengager ma présence en s’attaquant à ses fondations : la capacité physique de l’écoute, cette patience qui admet l’autre en tant qu’acteur possible.

J’avais déjà, comme tout un chacun, éprouvé de ces absences si agaçantes pour l’interlocuteur. Une remarque suffisait à les briser et à refaire surface, selon l’expression que Nora affectionnait.
Mais cette fois, il en allait tout autrement. Une force plus considérable m’empêchait de rétablir le lien qui m’unissait, bien au-delà de la jeune femme, au monde ancien.

Le même réflexe qui pousse un noyé à s’agripper aux roches glissantes me retint sur la ligne de séparation des genoux posés l’un sur l’autre. Les chairs légèrement comprimées produisaient un renflement vite effacé en lisière de la jupe ; on le devinait, plus haut sur la cuisse, gagner en
importance et gonfler le tissu en une rondeur exquise.

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