Conseils de lecture

Albin Michel

23,90
Conseillé par (Libraire)
28 février 2024

Sur la route

Explorant à nouveau ses thèmes de prédilection, la filiation, la famille, l'identité, le romancier nous projette dans une Amérique dévastée par l'abandon des institutions, désertique, violente, où règne la loi du plus fort et du plus roublard.

Ce qui frappe dans ce livre, c'est la voix, omniprésente, de Bill, héros solitaire, âme perdue à la recherche d'une oasis de paix dans le marasme du présent. C'est une voix douce, pacifique, aimante, malgré les épreuves subies et les exactions commises, une voix d'enfant en quête d'affection dans un corps de mercenaire impitoyable.
Dans ce futur que Chaon nous promet, il ne faut pas s'attacher, il ne faut pas aimer, sous peine d'être violemment utilisé. Et pourtant, Bill veut croire à cette voix, au bout du fil, qui lui dit qu'elle est sa fille biologique.

Ainsi commence une aventure pleine de rebondissements et d'action, un roman bourré d'imagination et de trouvailles (chapeau bas au Pictie-Pet, drone miniature qui vous suit en permanence et poste des photos de vos faits et geste sur vos réseaux sociaux), un roman échevelé, une course contre la montre, une fuite en avant, qui réussit le tour de force d'être en même temps une discussion intime entre un père et sa fille.


John Burnside

Anne-Marie Métailié

11,50
Conseillé par (Libraire)
3 février 2024

Métaphore noire

Un roman à la fois subtil et puissant qui se déplie comme la métaphore noire de notre monde : corrompu, abandonné, et où tous les espoirs reposent sur des enfants bien plus lucides que leurs aînés. Une écriture lumineuse pour peindre avec finesse un paysage tout en clair-obscur. Avant d'écrire des romans, John Burnside se livrait à la poésie, et dans chacune de ses phrases souffle l'expérience du poète, dans la structure aussi de son roman, inclassable, qui démarre comme un polar mais dont l'intrigue policière s'avère finalement secondaire. Peu importe qui enlève ces enfants; ce qui intéresse l'auteur, c'est le sentiment pesant que les enlèvements engendrent dans la communauté ado. Qui sera le suivant ? Moi ? Et depuis longtemps, aucun adulte n'est en mesure de venir en aide à qui que ce soit, ni les parents, rendus malades par la pollution de l'usine chimique, Vésuve métallique qui même éteint menace encore toute vie, ni le seul agent de police de la ville, grand enfant lui-même probablement recruté pour ça. C'est un roman lancinant, qui décrit un monde sombre, fantôme de lui-même, mais sous les cendres duquel reposent les plus belles pépites.


22,90
Conseillé par (Libraire)
24 août 2023

Vous êtes mort. Voulez-vous rejouer ?

J'avoue que je me suis demandé si un roman qui parle de la création de jeux vidéo au début des années 90 pourrait plaire à quelqu'un d'autre qu'à un geek quasi-quinquagénaire ayant passé son adolescence à user la peau de ses doigts sur un clavier d'Amstrad 6128 (suivez mon regard 👉).

Oui ? 💾 Non ?

👾 Et puis je me suis demandé ce que j'avais retenu de ce roman, et la première chose qui m'est venue à l'esprit, ce ne sont pas les jeux vidéo, c'est le mot "amitié".

💾 "Demain et demain et demain" est un grand roman d'amitié, de ces amitiés qui commencent au lycée et durent toute une vie.

👾 Pour être touché par ça, me suis-je dit, pour être ému par ce parcours, pas la peine d'avoir joué à Oregon Trail dans les années 80. Après tout, je n'ai jamais été bûcheron, ni cuisinier, ni pêcheur de crevettes, mais j'ai été bouleversé par "Et quelquefois j'ai comme une grande idée" de Ken Kesey, "Le restaurant de l'amour retrouvé" d'Ogawa Ito et "Les maraudeurs" de Tom Cooper.

💾 Ce que j'essaie de vous dire, c'est qu'il serait dommage de passer à côté de cette grande histoire, simple, grandiose et humaine, uniquement parce que le cadre de ce livre est la conception de jeux vidéo.

👾 Parce que c'est un roman qui parle surtout de création, de choix de vie, d'intégrité, de notre rapport aux autres, (un petit peu de Shakespeare et d'Emily Dickinson), et surtout de toutes les erreurs qu'on ne peut pas s'empêcher de faire.

💾 Et par ça, n'importe qui peut se sentir concerné, non ?

👾 Autrement dit, n'importe qui pourra aimer ce livre beau et tellement attachant.

💾 N'importe qui.

👾 (et en plus, si vous manquez d'idée cadeau pour un·e geek quasi-quinquagénaire, notez le titre tout de suite, ce sera déjà ça de fait pour Noël prochain)


L'Arbre vengeur

19,00
Conseillé par (Libraire)
10 février 2023

Beauté retrouvée

Ceux qui connaissent André Dhôtel seront peut-être surpris de découvrir ce texte, presque tombé dans l'oubli, disparu du catalogue des éditions de Minuit qui l'avaient publié en 1948.
Ceux qui ne connaissent pas André Dhôtel vont trouver là l'une des meilleures portes d'entrée à l'œuvre de ce grand auteur, mort en 1991 et trop peu reconnu, peintre de la nature et des passions humaines, toujours juste, d''une simplicité stylistique qui fait de tous ses textes de petites perles limpides.
Œuvre de jeunesse, comme on dit, "David" ne fait pas exception, et vous présente avec humanité un gamin de l'Assistance, libertaire sans le savoir, au destin singulier, dans une campagne française qui pourrait être la nôtre.
Bravo aux Editions de l'Arbre vengeur qui dénichent encore un roman important de la littérature française, roman qui, sans elles, prendrait la poussière au lieu de faire notre joie.


20,00
Conseillé par (Libraire)
21 janvier 2023

Pour les fantômes

Dès les premières pages, on est happé par la force et la musicalité de la langue, transporté sur les terres de Martinique, où les fantômes des ancêtres rôdent et accompagnent les vivants.
Kim vient de commettre l'irréparable et son discours enflammé cherche à nous convaincre, autant que lui-même, que ce qu'il a fait n'est que justice.
Dans ce roman aux grands élans lyriques, aux morceaux de bravoure, les thèmes du racisme, du colonialisme côtoient les problématiques actuelles d'identité de genre.
Un livre nécessaire, écrit par l'une des romancières antillaises les plus prometteuses de sa génération.