Schroder

Amity Gaige

Belfond

  • Un livre que je ne regrette pas d’avoir ouvert !

    Erik Schroder, à la base, c’est un homme comme les autres. Rien ne le différencie vraiment de son voisin. Du moins, en apparence. Car au fil des pages, on apprend à mieux connaître cet homme et ses secrets, ses dissimulations, ses arrangements avec la réalité… Comment en est-il arrivé à kidnapper sa propre fille ? Acte improbable, impensable… et pourtant. Le lecteur en sait très peu, juste assez pour avoir envie de continuer le début étant très mystérieux. Plus on avance dans l’histoire, plus on arrive à comprendre ce qu’il s’est passé, ce qui a poussé ce père affectueux à enlever sa petite fille chérie. Et le suspens va crescendo… car une question revient sans cesse dans la tête du lecteur : comment va finir cette histoire ?!


    La fuite en avant d’Erik Schroder ne pouvait pas durer éternellement. Il a beau chercher à gagner du temps, il est vite rattrapé par la réalité et doit faire face à ses responsabilités, assumer les conséquences de ses actes. Il décide alors de prendre la plume et tente d’expliquer par écrit son geste. C’est donc son témoignage et ses confessions que le lecteur lit. C’est une forme assez spéciale que l’auteur a choisi pour raconter cette histoire. Mais cela a le mérite d’être original et de donner son charme à l’ouvrage. Lire le témoignage d’Erik est plus impliquant, plus prenant.

    Erik est un personnage intéressant. En toute logique, c’est quelqu’un que l’on s’attend à détester : enlever sa fille, la mettre en danger inutilement… et malgré cela Amity Gaige en fait un personnage attachant presque sympathique. Cet homme ne récolte que ce qu’il a semé, il est rattrapé par des années de mensonges et on en arrive presque à le plaindre. Car on peut lui faire beaucoup de reproches, l’accuser de beaucoup de choses… mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, on ne peut pas lui enlever le fait qu’il agisse par amour et non par méchanceté ou malveillance.

    Ce livre interroge le lecteur sur tout un tas de sujets. Sur l’identité – qui sommes-nous vraiment ? Mais également sur l’amour, intense, parfois éphémère, mais qui peut pousser aux pires folies. Sur la jalousie et les non-dits dans les couples, avec de plus en plus souvent le divorce comme conséquence. Et bien entendu, sur la place de l’enfant sur ce champ de bataille qui oppose deux adultes, deux parents. Deux êtres qui se sont aimés et qui, désormais, se détestent au point de ne reculer devant rien pour avoir la garde de la chair de leur chair. Au risque de faire souffrir l’enfant et de se faire souffrir soi-même.

    En conclusion, un roman plein de suspens, au rythme dynamique et entrainant. Le lecteur tourne les pages avec plaisir et crainte. En effet, impossible d’anticiper le dénouement, le doute est présent jusqu’à la fin… Erik Schroder est un personnage intéressant à suivre, qui remet en cause nos à priori.


  • Conseillé par
    30 mars 2014

    A l'âge de cinq ans, Eric Schroder et son père quittent l'Allemagne de l'Est pour les Etats-Unis. Erik rêve d'être un véritable Américain et quand par hasard l'adolescence, il découvre une brochure des camps d'été, il ment. Il remplit le formulaire d'inscriptions et dit s'appeler Kennedy, il réussit à ce que son père ne découvre pas la supercherie durant trois étés. Vient le temps des études supérieures et Erik a abandonné définitivement son patronyme d'origine. Un nouveau nom, un emploi, une nouvelle vie et sa rencontre avec Laura avec laquelle il se marie. Une allégresse accentuée par la naissance de Meadow. La suite est moins rose : la crise immobilière fait perdre son emploi à Erik, son couple prend l'eau, Laura demande le divorce et obtient la garde de Meadow.

    Ce livre est une lettre qu'Erik écrit à Laura à quelques semaines de son procès. Il a décidé de tout lui raconter et de mettre des mot sur la douleur d'être privée de sa fille. Erik perd pied, il sombre car il sait qu'il est un bon père. Un week-end où il a la garde de Meadow, il décide de passer ces deux jours à voyager et à faire plaisir à sa fille âgée de six ans. Un goût de bonheur retrouvé qu'Erik ne maîtrise plus et où ses souvenirs d'enfant viennent s'introduire. Erik est perdu et décide de prolonger ces deux jours avec sa fille. En d'autres termes, il a commis un enlèvement. Recherché par la police, pris dans l'amalgame de ses mensonges et l'envie de savourer ces moments comptés avec sa fille, Erik n'agit pas toujours de façon censée.

    Si l'amour d'Erik pour sa fille (un peu trop parfaite d'ailleurs) saute aux yeux avec de très beaux passages et que la réflexion sur les droits du père et sur le poids des mensonges est présente, j'ai trouvé que ce roman traînait en longueur. Sans compter que j'ai ressenti un certain mal-être car je n'ai pas réussi à cerner Erik (et donc une impossibilité pour moi d'éprouver la moindre parcelle de sentiment ou de compréhension à son égard).
    Malgré des thèmes prometteurs, mon avis est plus que mitigé....


  • Conseillé par
    7 mars 2014

    Allemagne de l'Est, enlèvement

    Que ce roman est long, qui raconte le récit d'un "enlèvement" d'une enfant par son père.
    Certes, le propos de départ est de raconter à la mère tout ce qui s'est passé lors de cette escapade. Mais que c'est long. J'en ai sauté allègrement certains passages.
    Seuls les souvenirs du départ de Berlin Est ont éveillé mon attention. De trop rares moments dont on ne saura jamais le fin mot de l'histoire car Schroder avait alors 5 ans.
    Ceci dit, le tour de force de l'auteure est de nous faire aimer ce pauvre Erik qui se débat avec son passé familial bien lourd et qui, finalement, reproduit le même schéma. Bien triste constat.
    L'image que je retiendrai :
    Celle de la poursuite en voiture (pour une fois !) entre Erik et Pop-Pop au moment où Schroder emmène sa fille pour une visite de Monument Valley.