Prières nocturnes

Santiago Gamboa

Anne-Marie Métailié

  • Conseillé par
    14 mars 2014

    Au nom du frère et de la sœur.

    Auteur colombien ayant étudié la philosophie à Madrid. Journaliste, puis diplomate. Il a résidé à Paris, en Inde et à Rome. Ces ouvrages sont traduits en dix-sept langues. J'ai un de ses romans non encore lu "Le lys blanc" dans ma bibliothèque.
    Un membre du corps diplomatique colombien en poste en Inde part à Bangkok, où il n'y a pas de représentation diplomatique pour tenter de sauver un ressortissant de son pays.
    Manuel, jeune étudiant en philosophie, est accusé de trafic de drogue et la justice thaïlandaise n'est pas tendre pour les étrangers.
    Celui-ci lui raconte sa vie, son enfance oppressante dans une famille d'une médiocrité morale et financière absolue.

    Garçon plutôt artiste, il aime lire, peindre des fresques sur des murs, rabaissé dans sa famille, son père n'ayant d'yeux que pour sa soeur.
    Celle-ci est pour lui une sorte de muse et de soutien moral, ils deviennent très proches l'un de l'autre. Étudiante politisée, elle tient tête à son père, et permet à son frère de découvrir quelques facettes de la vie.
    Les années passent jusqu'au jour où Juana disparaît soudainement. Le motif politique semble évident, même pour son père pourtant ardent partisan du régime.
    Il rejoint la cohorte des manifestants qui réclament des comptes aux paramilitaires qui soutiennent Uribe.
    La vérité est tout autre....et Manuel doit faire face à une situation qu'il ne domine plus. Par amour pour sa sœur, il se retrouve dans les geôles de Bangkok accusé d'être un passeur.
    Le consul de Colombie va l'aider à retrouver Juana.
    Celui-ci, esthète, amateur de boissons fortes et de bonne lecture, va lui aussi se trouver pris au piège de cette aventure familiale et diplomatique.
    Manuel qui n'a pas l'étoffe d'un trafiquant et Juana, sa sœur, sont unis par un amour filial poussé au paroxysme. Vu l’environnement familial, cela se comprend !
    Son père, frustré et humilié au travail, se venge sur sa famille. Partisan d'Uribe, il est méprisé par son épouse. Petit fonctionnaire sans culture, il se couvre de ridicule par exemple pour les quinze ans de son fils, en organisant une fête où le mauvais goût côtoie le manque de moyens. Seule sa fille Juana compte pour lui, mais celle-ci n'a pas plus d'estime pour lui que la majorité des gens qui le connaissent. On comprend très bien la fameuse phrase : "Famille je vous haïs".
    Le consul, Manuel et Juana en étant les narrateurs qui, chacun, expliquent des situations personnelles !
    J'aime beaucoup l'écriture très soignée. On sent la grande érudition du romancier, littéraire en particulier, la liste des auteurs situés tout au long du récit est impressionnante ! Une scène absolument décalée décrit la tristesse bien alcoolisée de Manuel et d'un de ses amis pleurant Foster Wallace qui vient de se suicider.
    C'est très original et même déconcertant, en particulier des chapitres nommés " Monologues d'Inter-Nette" dont l'un consacré à l'alcool contenant ces perles :
    John Cheever :
    -« Un homme n'est qu'un objet solitaire, une pierre, un os, une branche, un réceptacle pour le gin Gilbey's, une silhouette penchée au bord d'un lit d'hôtel qui émet plus de soupir que le vent d'automne. »
    Dorothy Parker, poème :
    J'aime boire des martinis.
    Mais pas plus de deux .
    Après le troisième, je suis sous la table.
    Après le quatrième, sous mon hôte.
    Un grand roman qui n'est pas d'une lecture aisée et demande une grande concentration tant l'histoire est riche .
    C'est aussi un constat accablant de la vie politique colombienne, entre corruption, paramilitaires et narco-dollars !


  • Conseillé par
    13 mars 2014

    Au nom du frère et de la sœur.

    Auteur colombien ayant étudié la philosophie à Madrid. Journaliste, puis diplomate. Il a résidé à Paris, en Inde et à Rome. Ces ouvrages sont traduits en dix-sept langues. J'ai un de ses romans non encore lu "Le lys blanc" dans ma bibliothèque.
    Un membre du corps diplomatique colombien en poste en Inde part à Bangkok, où il n'y a pas de représentation diplomatique pour tenter de sauver un ressortissant de son pays.
    Manuel, jeune étudiant en philosophie, est accusé de trafic de drogue et la justice thaïlandaise n'est pas tendre pour les étrangers.
    Celui-ci lui raconte sa vie, son enfance oppressante dans une famille d'une médiocrité morale et financière absolue.

    Garçon plutôt artiste, il aime lire, peindre des fresques sur des murs, rabaissé dans sa famille, son père n'ayant d'yeux que pour sa soeur.
    Celle-ci est pour lui une sorte de muse et de soutien moral, ils deviennent très proches l'un de l'autre. Étudiante politisée, elle tient tête à son père, et permet à son frère de découvrir quelques facettes de la vie.
    Les années passent jusqu'au jour où Juana disparaît soudainement. Le motif politique semble évident, même pour son père pourtant ardent partisan du régime.
    Il rejoint la cohorte des manifestants qui réclament des comptes aux paramilitaires qui soutiennent Uribe.
    La vérité est tout autre....et Manuel doit faire face à une situation qu'il ne domine plus. Par amour pour sa sœur, il se retrouve dans les geôles de Bangkok accusé d'être un passeur.
    Le consul de Colombie va l'aider à retrouver Juana.
    Celui-ci, esthète, amateur de boissons fortes et de bonne lecture, va lui aussi se trouver pris au piège de cette aventure familiale et diplomatique.
    Manuel qui n'a pas l'étoffe d'un trafiquant et Juana, sa sœur, sont unis par un amour filial poussé au paroxysme. Vu l’environnement familial, cela se comprend !
    Son père, frustré et humilié au travail, se venge sur sa famille. Partisan d'Uribe, il est méprisé par son épouse. Petit fonctionnaire sans culture, il se couvre de ridicule par exemple pour les quinze ans de son fils, en organisant une fête où le mauvais goût côtoie le manque de moyens. Seule sa fille Juana compte pour lui, mais celle-ci n'a pas plus d'estime pour lui que la majorité des gens qui le connaissent. On comprend très bien la fameuse phrase : "Famille je vous haïs".
    Le consul, Manuel et Juana en étant les narrateurs qui, chacun, expliquent des situations personnelles !
    J'aime beaucoup l'écriture très soignée. On sent la grande érudition du romancier, littéraire en particulier, la liste des auteurs situés tout au long du récit est impressionnante ! Une scène absolument décalée décrit la tristesse bien alcoolisée de Manuel et d'un de ses amis pleurant Foster Wallace qui vient de se suicider.
    C'est très original et même déconcertant, en particulier des chapitres nommés
    " Monologues d'Inter-Nette" dont l'un consacré à l'alcool contenant ces perles :
    John Cheever :
    -« Un homme n'est qu'un objet solitaire, une pierre, un os, une branche, un réceptacle pour le gin Gilbey's, une silhouette penchée au bord d'un lit d'hôtel qui émet plus de soupir que le vent d'automne. »
    Dorothy Parker, poème :
    J'aime boire des martinis.
    Mais pas plus de deux .
    Après le troisième, je suis sous la table.
    Après le quatrième, sous mon hôte.
    Un grand roman qui n'est pas d'une lecture aisée et demande une grande concentration tant l'histoire est riche .
    C'est aussi un constat accablant de la vie politique colombienne, entre corruption, paramilitaires et narco-dollars !