Comment j'ai mis un coup de boule à joeystarr

Max Monnehay

Christophe Lucquin éditeur

  • Conseillé par
    1 mars 2014

    Si vous suivez régulièrement mon blog, ce dont je vous sais gré, vous savez qu'en fin d'année dernière, j'avais relayé la demande de Christophe Lucquin sur la plate -forme de financement partagé Kisskissbankbank. Sans tout vous raconter dans le détail, j'y suis allé moi aussi de ma petite obole, et ce qui est bien avec cette nouvelle forme de financement, c'est que les contributeurs ont une contrepartie, pour ma part, quelques livres, dont celui-ci, au titre excellent qui en est pour beaucoup dans mon choix. Et oui, "qui n'a jamais rêvé de mettre un coup de boule à JoeyStarr" ? Euh, ben moi en fait, car si je passe outre le fait que le personnage ne m'est pas particulièrement sympathique, je suis un non-violent.

    D'abord parce que je crois que la violence ne résout rien, et ensuite, parce que vu comment je suis gaulé, je n'ai pas intérêt à recourir aux coups en général et contre JoeyStarr en particulier.
    Cette mise au point, faite, je dois dire que j'ai beaucoup aimé ce petit roman (60 pages) de la collection Fantasmes, qui nous présente une jeune femme pas très bien dans sa peau, n'aimant pas vraiment son boulot et surtout pas son chef Bernard qui aimerait la mettre dans son lit -"Bernard pose sa petite main poilue sur mon épaule. "Ma fille se coifferait comme ça, j'irais la tondre pendant qu'elle dort." Bernard est ce qu'on appelle communément un sale con." (p.15)-, qui visite sa grand-mère atteinte d'Alzheimer passionnée par les suicides collectifs au sein des sectes qui a des parents déconnectés, une mère flippée, un père qui veut bricoler mais ne sait pas faire : "A six ans, j'ai dormi trois mois dans le lit de mes parents. Mon nouveau lit était en kit. Toutes ces petites momies au bout des doigts de mon père. Toutes ces petites poupées de douleur. La douceur, déjà, prenait à mes yeux la forme mensongère de ces compresses duveteuses et derrière lesquelles suintaient les écorchures et la souffrance." (p. 18) Lorsque JoeyStar arrive avec son arrogance, c'est la goutte d'eau de trop.
    Max Monnehay alterne les chapitres dans le métro et ceux consacrés aux rapports familiaux d'Alex. L'écriture est belle, à la fois douce et violente, elliptique, comme le montre l'extrait cité plus haut, drôle et désespérée parfois :"Avec ton père, on ne s'est pas touché depuis 2008 et là il m'attend en mini-slip dans la chambre. Il a ressorti notre parure de lit fuchsia et fait brûler toute ta vieille réserve d'encens. On se croirait dans le vagin de Béatrice Dalle. Alors, laisse-moi craindre le pire."(p.29). La grand-mère vit dans le passé, les parents sont désabusés et si l'espoir arrivait avec la rencontre improbable avec JoeyStarr, dans ces moments où la violence est dans les faits mais beaucoup moins dans l'écriture... ?
    N'hésitez pas à aller voir le site de cet éditeur qui ose et qui publie d'excellents bouquins, c'est ici.