La Capitana

Elsa Osorio

Anne-Marie Métailié

  • Conseillé par (Libraire)
    29 mars 2013

    La plume d'Elsa Osiorio nous entraîne à la découverte d'une figure méconnue de l'histoire des révolutions et du communisme au vingtième siècle.
    Une biographie digne d'un roman... Ou quand la réalité rejoint la fiction, à moins que ce ne soit l'inverse...


  • Conseillé par
    11 octobre 2012

    La Capitana, c'est Micaela Feldman de Etchébéhère. Née en Argentine, dans une famille juive venue de Russie, Mika s'investit très tôt dans les luttes pour plus de justice et d'égalité. Avec Hipolito Etchébéhère qui sera son éternel amour, elle va sillonner la Patagonie, puis partir pour l'Europe, en Allemagne et en France, pour toujours être au plus près de ceux qui luttent pour la liberté. C'est tout naturellement et plein d'espoir que le couple rejoint l'Espagne de 1936 pour combattre le coup d'état fasciste aux côtés du front républicain.

    Enrôlés chez les miliciens du POUM, ils sont très vite acceptés malgré leurs origines étrangères. Mais c'est seule que Mika deviendra La Capitana, une femme qui gagne ses galons au combat, qui sera aimée et respectée par les hommes qu'elle commande. Ni socialiste ni communiste, plutôt anarchiste, profondément engagée, passionnément anti-fasciste et anti-staliniste, Mika est une ardente héroïne du XXè siècle, une oubliée de l'Histoire qui méritait bien l'hommage que lui rend sa compatriote Elsa Osorio.

    D'abord, il faut s'habituer au style d'Elsa Osorio. Certes elle se lance dans une biographie mais pas question pour elle de construire un récit linéaire. Elle passe allègrement de 1922 à 1937, elle part vers 1992 pour revenir en 1933 et ainsi déroule son histoire sans se soucier de l'espace ni du temps. Par ailleurs, elle aime mélanger les points de vue au cours d'un même chapitre passant du "Elle" au "Je" ou "Nous" et même au "Tu" quand elle s'adresse directement à son héroïne. C'est déstabilisant au début puis on s'habitue, ou alors on passe outre tellement son sujet est fort. Car, on se laisse entraîner avec plaisir dans le sillage révolutionnaire de cette Mika. Avec elle, on revit les grands évènements qui ont marqué le siècle, mais de l'intérieur : le communisme balayé par la montée du nazisme à Berlin, les débats d'idées dans le Paris des années 30, les forces en présence pendant la guerre civile espagnole, les tranchées, la boue, le sang, la mort... Eprise de liberté, Mika ne rejoint aucun parti mais souffre de voir les querelles au sein de la gauche, les idéaux bafoués par les manoeuvres du PC, l'anéantissement du POUM.
    Décrite par ses hommes comme "un vrai mec", Mika était aussi une femme, amoureuse d'un homme, et leur communion ,autant intellectuelle que physique, leur amour indéfectible l'un pour l'autre et pour la cause, sont autant de moments bouleversants de l'histoire de cette femme courageuse et inoubliable. Merci Elsa Osorio de lui avoir redonné vie à travers cette magnifique biographie.


  • Conseillé par (Libraire)
    19 septembre 2012

    Très beau portrait d'une femme hors du commun, à l'esprit libre, anarchiste, engagée, audacieuse et passionnée au destin incroyable, La Capitana est une biographie romancée passionnante et haletante. À la fois roman historique et d'aventures, c'est aussi une très belle et profonde histoire d'amour. Exceptionnel !


  • Conseillé par
    28 août 2012

    Capitaine courageuse - Mercredi 1er août 2012 à 23h23

    Impersonnel, le titre de cet ouvrage claque comme drapeau au vent. Plus que le titre ou le nom de l’auteur, qui m’était jusqu’alors inconnu, j’ai choisi de faire confiance à la maison d’édition — Métailié — dont la bibliothèque latino-américaine ne m’a jamais déçue. Un pari réussi.

    À partir des carnets de sa compatriote Mika, Micaela Feldman de Etchebéhère, l’écrivaine argentine Elsa Osorio a mené pendant presque 25 ans une (en)quête exigeante pour remonter la piste de son héroïne et combler les lacunes de sa biographie, assemblant patiemment les pièces du puzzle jusqu’à ce que le visage de celle-ci surgisse du passé.

    Car la vie de Mika, antifasciste convaincue, se confond avec le début du XXè siècle. Ce n’est pas un hasard si on la retrouve dans le Berlin des années 30 confronté à la montée du nazisme ou à Madrid peu de temps avant le coup d’état militaire de juillet 1936. Mika veut être là ou l’histoire convulse, là ou les idées de justice, d’égalité et de liberté prennent corps. Dans des circonstances tragiques où se mêle lutte idéologique et combat contre la maladie qui ronge son mari — « Hipo » l’amour de sa vie — Mika se retrouve à la tête d’une milice du POUM, le Parti Ouvrier d’Unification Marxiste.

    Elle qui ne sait rien des armes ni des techniques de guérilla, cette femme, cette étrangère, va devenir, par son charisme, son courage et son altruisme, « la Capitana ». Une capitaine courageuse, respectée de tous. Un « sacré mec », dira d’elle l’un de ses miliciens. « Ce que les miliciens ne sont peut-être pas capables de penser, c’est que justement parce qu’elle est une femme, elle ne commande pas comme un homme, arme à la main, autoritaire. (…) Elle, non seulement ils lui obéissent mais ils l’aiment, conclut-elle, et cela lui fait plaisir, qu’importe si pour se justifier ils doivent dire que Mika est un sacré mec ou qu’elle a des couilles » (p. 238).

    « Anarchiste, communiste, trotskyste, opposante de gauche au stalinisme, membre du groupe Que faire ?, du POUM ? Toutes ces classifications, et aucune en définitive, pourraient aller à Mika », écrit Elsa Osorio dans sa postface (p. 325). Celles-là et bien d’autres comme femme amoureuse, femme libre, femme de conviction, femme de tête, une « sacrée femme », sortie de l’oubli par la force des mots.