Red pill

Hari Kunzru

Christian Bourgois

  • Conseillé par (Libraire)
    20 mars 2021

    Terreur existentielle

    C'est l'histoire d'une crise. Mal à l'aise dans son époque, dans son couple, dans son pays, un universitaire américain d'origine indienne accepte une résidence d'écriture en Allemagne, dans un curieux centre de recherche qui prône la transparence et l'échange.

    Mais de transparence, notre monde ne meurt-il pas ? Mise en scène de notre vie intime sur les réseaux sociaux, vidéosurveillance urbaine, expositions de nos données personnelles, explosions des frontières entre l'intime et le publique, semblent autant de symptômes d'une époque où les concepts d'individuel et de collectif sont en crise. Est-ce encore vivable ? Est-il possible de trouver un peu de calme et d'isolement quand on est forcé d'être un concurrent dans cette course au dévoilement et à la confrontation ?

    Hari Kunzru construit son roman comme un accès de terreur paranoïaque, où son anti-héros subit les assauts répétés des autres, ceux qui savent mieux, ceux qui parlent mieux, ceux qui n'ont pas de doutes et assènent leurs certitudes avec violence ou condescendance.

    "J'essayais de vous aider. Mais vous êtes mou et égoïste. Le monde se fera un plaisir de vous réduire en bouillie."

    "Red Pill" monte en puissance au fil des pages, dessine en filigrane une société gangrénée par la haine et le mépris et dont l'aboutissement politique ne peut être que tragique. Terrifiant et impitoyable, ce roman raconte une crise dépressive, une crise existentielle, mais celle-ci n'est pas seulement celle de son protagoniste ; elle est globale, sponsorisée et connectée sans fil.


  • Conseillé par
    6 septembre 2021

    Pill ou face

    Red Pill est un universitaire américain qui reçoit une bourse d’écriture en Allemagne et s’isole donc trois mois dans un centre de recherche qui prône la transparence et l'échange (surveillance). Contrarié par le manque d’intimité du lieu, il est rapidement distrait et obnubilé par son environnement (une villa nazi au passé déterminant, la tombe de l’écrivain Heinrich von Kleist, suicidé car convaincu que le bonheur n’existe pas) et par sa rencontre avec Anton, créateur d’une émission policière violente visant à manipuler les téléspectateurs dans leur vision du monde.
    Il bascule dans une remise en question existentielle paranoïaque insensée qui bouscule sa vie.

    Hari Kunzru retrace l’incartade de l’occident vers l’extrême droite, l’empreinte d’une société corrompue par le fanatisme et l’arrogance. C’est un livre politique terrifiant qui remet en cause notre quotidien. Sommes-nous encore libres d’approuver notre système contemporain ?
    Pour lecteurs avertis.