Un jour viendra couleur d'orange

Grégoire Delacourt

Grasset

  • Conseillé par
    12 octobre 2020

    vie moderne

    L’orage de la citation détournée, c’est celui de la colère des Gilets Jaunes : Pierre et son ami Tony font partie des gilets de la première heure. Pierre, parce qu’il a été licencié et travaille maintenant comme vigile à Auchan. Il ne comprend pas son fils, Geoffroy, 13 ans et souffrant de troubles du spectre autistique.

    Seule la mère de Geoffroy, Louise, parvient à le comprendre. Elle travaille en unité de soins palliatifs.

    Un jour, Geoffroy rencontre Djamila, 15 ans, qui le décrypte et devient son amie.

    La colère, c’est également celle des frères de Djamila qui décident de lui faire porter le djilbab.

    Heureusement, il y a Hagop, vieil arménien qui vit dans sa cabane au fond d’un bois et qui prend les deux enfants perdus sous son aile.

    Chaque chapitre se décline en une couleur, du blanc au noir avec d’infinies variantes.

    J’ai eu de la peine pour Pierre qui ne comprend pas son fils et quitte le domicile familial.

    J’ai eu de la peine pour Louise qui tombe éperdument amoureuse d’un patient qui décèdera bientôt.

    J’ai eu de la peine pour Geoffroy qui subit les moqueries et les violences de ses camarades.

    J’ai eu de la peine pour Djamila, la jolie fille aux yeux vert véronaise et à la peau caramel que ses frères veulent enfermer.

    Je n’ai pas aimé voir arriver régulièrement les kendokas avec leurs boucliers contre les Gilets.

    Seul Hagop a été une lueur d’espoir dans ce roman pourtant aux milles couleurs.

    J’ai aimé qu’Hagop s’inspire de sa mère et voue presque un culte à la Pachamama.

    J’ai découvert le Gemüt : une sorte de paradis personnel, un état où le corps et l’âme sont à l’unisson. Elle mêle harmonie et atmosphère agréable, mais aussi chaleur et sentiment de sécurité. (définition tirée de On comprend Rhin)

    Quelques citations :

    La peur de l’autre, c’est la peur d’être soi-même médiocre.

    On doit rendre à la terre ce qu’elle nous donne. Il faut respecter nos mères, respecter la Pachamama, la mère des mères.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de Pierre obligeant son fils à enfreindre la loi, impossible pour Geoffroy.

    https://alexmotamots.fr/un-jour-viendra-couleur-dorange-gregoire-delacourt/


  • Conseillé par
    28 août 2020

    Une crise et des hommes

    Deux ans après le mouvement des gilets jaunes, Grégoire Delacourt en fait le théâtre de fond de son dernier roman.
    Cette époque nous semble bien loin aujourd’hui, une crise en chassant une autre… Et pourtant, le drame social est toujours là, et plus que jamais.
    Un couple amoureux, heureux, broyé par le système dur et impitoyable (manque de moyens, manque de perspectives…), est anéanti peu à peu par l’arrivée d’un enfant différent…
    Pierre, le héros, vigile à mi-temps, va trouver dans cette bataille contre le gouvernement, un moyen de s’exprimer, enfin.
    Mais l’incompréhension, l’aigreur vont faire peu à peu place à la violence gratuite, et les pertes seront probablement affectives.
    Chez Grégoire Delacourt, même au plus profond du désespoir, il reste toujours une lueur, et ce dernier opus ne dérogera pas à la règle… Je vous laisse la découvrir.
    Une famille attachante, une écriture toujours aussi sensible, un joli moment de lecture.