Un autre monde

Barbara Kingsolver

Rivages

  • 28 janvier 2011

    Orange Prize 2010

    Pouvoir découvrir un pan de l’histoire du monde à travers la distraction d’une fiction est un délice éclairé que nous offre ici même Barbara Kingsolver. Son narrateur côtoie ainsi le célèbre couple de peintre Frida Kahlo et Diego Rivera, nous dévoilant une partie de leur histoire orageuse, entre ruptures et réconciliations incessantes. Durant son séjour chez eux, il rencontrera Trotsky et sa femme, exilés politiques réfugiés dans la maison bleue comme dans un bunker, chaque habitant redoutant l’attentat qui pourrait effacer ce leader politique trop charismatique…


    La seconde partie du roman se situe en Amérique pendant la chasse aux communistes régie par J. Edgar Hoover. Devenu un écrivain célèbre, Harrison Shepherd devra répondre de ses accointances avec les Rivera et leur hôte provisoire.

    - Un autre monde est un roman riche qui abonde de sujets traités intelligemment et de phrases qui sonnent comme des proverbes ou des sentences.

    « Voilà ce que signifie être seul : tout le monde est relié à tout le monde, les corps, vie liquide éclatante qui flotte autour de vous, partagent un seul et même cœur qui les fait se mouvoir tous ensemble. Si le requin approche ils s’échapperont tous, et vous laisseront vous faire dévorer. » (p. 245)

    « Une histoire c’est comme un tableau, Soli. Il n’a pas besoin de ressembler à ce que l’on voit par la fenêtre. » (p. 260)

    « Pour moi, écrire des livres est une façon de gagner ma vie ne restant en pyjama. » (p. 506)

    - Sa construction est elle-même très originale : le roman est composé principalement des carnets de Shepherd, dont certains seront effacés, perdus sciemment, offrant des ellipses temporelles intrigantes, et entre ces carnets s’intercalent les commentaires de Violet Brown, secrétaire assistante de Shepherd à qui l’on doit la survivance de ces carnets. Des articles de journaux fictifs agrémentent ces écrits aux sources déjà variées.

    Ce patchwork construit un récit vivant, ancré dans le réel, à tel point que l’on se demande en fin de lecture si cet écrivain mystérieux n’aurait pas réellement existé…

    Ce que j’ai moins aimé :

    - Un peu long (664 pages quand même…)