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    17 février 2020

    Toujours en disgrâce, l'inspecteur Chen Cao n'est associé à l'enquête sur le tueur en série qui sévit à Shanghai qu'à titre de consultant. Il faut dire que les policiers chargés de l'affaire n'ont fait aucun progrès dans la recherche de cet assassin qui tue ses victimes au hasard et toujours au petit matin. Chen a donc été rappelé mais il n'aura guère le temps de se consacrer à l'enquête. De passage dans la ville, son mentor, le camarade Zhao, lui confie une mission de la plus haute importance. Il s'agit de la surveillance d'une influenceuse écologiste qui s'apprête à diffuser un documentaire sur la pollution qui sévit en Chine. De effet, à Pékin comme à Shanghai, les seuls à pouvoir respirer sont les nantis, bien pourvus en purificateurs d'air, quand le peuple, lui, souffoque sous un épais nuage mortifère. Pour Chen le choc est rude quand il découvre que celle qu'il doit surveiller n'est autre que la belle Shanshan avec qui il avait noué une tendre idylle lors de ses vacances au bord du lac Taï. Comme d'habitude, l'inspecteur principal va devoir ménager la chèvre et le chou, en laissant s'exprimer les écologistes sans desservir les intérêts du Parti.

    Rien de nouveau sous le soleil, ou plutôt sous le ciel plombé de Shanghai. La Chine continue sa folle croissance et ne s'embarrasse pas de respect de l'écologie. Mais les temps changent et le peuple n'accepte plus béatement les diktats du Parti. Dans les hautes sphères, on truque les chiffres, on accuse les Etats-Unis de propagande anti-chinoise, mais les faits sont là, indéniables. On suffoque à Shanhai, les plus fragiles en meurent. Les activistes écologistes dénoncent les industriels et le Parti qui sacrifient la nature et la santé des chinois sur l'autel du profit et, malgré la censure, utilisent les réseaux sociaux pour lancer l'alerte. Pris entre son envie de protéger son ancienne conquête et sa loyauté au Parti, Chen louvoie mais saura tirer les marrons du feu, tout en dégustant la bonne cuisine shanghaienne et en déclamant des vers.
    Encore une Xiaolong Qiu réussit un subtil mélange entre dénonciation des dérives du système chinois et évocations amoureuses des traditions et de la culture de son pays natal. Une lecture toujours savoureuse.