Le testament caché

Sebastian Barry

Joëlle Losfeld

  • Conseillé par
    1 avril 2012

    femme, Irlande

    Voici un très beau roman sur l'histoire de l'Irlande, ses guerres intestines, ses coutumes. Certe, le roman se déroule pendant les années 1920-1940, mais c'était il n'y a pas si longtemps que cela, finalement.

    Car dans ces années-là, les femmes étaient confinées à la maison, le divorce interdit et la religion catholique obligatoire (toute ressemblance avec ... étant fortuite, bien entendue).

    La vie de Roseanne m'a touchée, celle dont elle se souvient et qu'elle consigne dans son journal caché sous les lattes du planché, et celle que le docteur Grene reconstitue petit à petit.

    L'histoire d'une petite fille qui vit des événements à l'implication politique qui la dépasse, d'une jeune femme libre mais qui va malheureusement payer le prix de cette liberté.

    L'histoire, également, de l'amour du docteur Grene pour sa femme dont il s'est éloignée peu à peu.

    Et une figure, celle du curé Gaunt - comme il en a existé tellement, malheureusement - qui, croyant faire le bien de la communauté n'a réussi qu'à gâcher des vies, sauf la sienne (il fit une belle carrière politique par la suite).

    Un roman à l'écriture prenante, qui vous emmène dans le comté de Roscommon, en plein coeur de l'Irlande.

    Un récit qui m'a réconcilié avec la littérature irlandaise, finalement, même si la fin m'a parue trop facile pour être vraiment crédible.

    Un tragique destin de femme qui a pourtant su goûter son si court bonheur.


    L'image que je retiendrai :

    Celle de Roseanne, enceinte, marchant des kilomètres et se voyant rejeté par sa belle-famille, et accouchant sur la plage en pleine tempête.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2012/03/29/23530812.html


  • Conseillé par (Libraire)
    24 août 2009

    D’une chambre de l’hôpital psychiatrique où elle est internée depuis plus de cinquante ans, Roseanne écrit le récit de sa vie, feuilles de papier qu’elle cache sous une latte disjointe du plancher. William Grene, psychiatre, chargé d’« évaluer » sa patiente et d’établir quelles circonstances l’ont amenée là, tient un journal auquel il confie ses doutes, les questions qu’il se pose sur sa profession, l’amour qu’il porte à Bet, sa femme, anéantie par une dépression, et la relation étrange qui le lie à Roseanne. Car ce qui finit par occuper tout son esprit, c’est le désir de « quelque part trouver le fil et le cœur de son histoire ».
    Le cœur, c’est Sligo, ville sombre et pluvieuse, la mer toujours démontée et les montagnes tout près ; le fil, une enfance heureuse aux côtés de Joe, le père tant aimé, gardien de cimetière, puis chasseur de rats, la figure floue d’une mère enfermée dans le silence de sa folie, les rencontres amoureuses, origine du drame qui fera d’elle une exilée, exclue du monde, privée de tout. Simplement parce qu’elle a, comme tant d’autres, transgressé les codes de l’Irlande catholique, personnifiée ici par le terrifiant père Gaunt, acharné à briser une jeune fille trop belle, diabolique tentation pour les hommes de Sligo.
    De page en page, c’est aussi l’histoire troublée de l’Irlande de la première moitié du siècle dernier, « conte de fée sauvage », qui se révèle, le soulèvement de 1916, la guerre d’indépendance et la guerre civile qui entraînèrent le naufrage de tant de vies.
    Sebastian Barry entrelace ces événements tragiques et le destin d’êtres qui durent trouver leur chemin dans un monde de violence, de haines et de trahisons. Il explore, comme dans une enquête policière, les zones d’ombre du souvenir, les imperfections de la mémoire, les vérités et les mensonges du témoignage.
    En donnant la parole à Roseanne, il rend hommage, avec poésie et profondeur , à ceux que l’histoire et la pesanteur des traditions ont dépossédés de leur vie.