Le camp des autres

Thomas Vinau

Alma Éditeur

  • Conseillé par (Libraire)
    24 août 2017

    Des fuyards debout

    C'est un virage dans l'oeuvre de Thomas Vinau, comme un horizon qui s'ouvre après trois romans centrés sur notre époque contemporaine, mettant en scène des personnages qu'on devinait proches de l'auteur, marginaux oui, mais marginaux clandestins, poétiquement décalés, monsieur et madame tout le monde qui dissimulaient au fond d'eux une sensibilité explosive, un regard sur le monde singulier, comme un secret.

    Dans le Camp des autres, changement de décor, changement d'époque, les marginaux sont bels et bien planqués dans la forêt, habitant des cabanes que des enfants rêveraient de construire, vivant de rapines et de braconnage, dans un XXe siècle naissant qui n'avait pas encore oublié sa nature et ses sous-bois.

    La plume de Thomas Vinau est là, familière, faite de simplicité et d'éclats, qui cette fois se met au service d'un récit initiatique aux accents libertaires, pour donner une voix aux moins-que-rien de l'Histoire, aux rejetés de partout, aux "fuyards debout", aux exilés du normal, à ceux au fond qui n'ont que la qualité d'être humains.

    Il y a de l'amour, de l'espoir, de la rage dans cette histoire et peut-être pour la première fois chez Vinau, une lame de fond militante qui point pour lui faire dire, dans l'un des plus beaux passages du livre, que "si nous marchons ensemble, nous sommes assez de rats pour conquérir cette terre de damnés."
    Voilà.


  • Conseillé par
    13 novembre 2017

    forêt, Roms

    Oui, je sais, j’exagère : ce roman n’est pas que celui de la forêt, mais disons qu’en tant que lecteur, on y passe beaucoup de temps tout de même en première partie de récit.

    Les bruits de la forêt, les couleurs, les températures changeantes, les animaux jusqu’aux plus petits, le décor est planté avec beaucoup de minutie.

    Enfin surgit Jean-le-blanc qui sauve Gaspard, notre personnage principal. Jean-le-blanc qui connaît les secrets de la forêt, des herbes oubliées, des animaux proscrits. Jean-le-blanc qui commerce avec les chemineaux et les romanichels.

    Et puis Gaspard choisit encore une fois la liberté et part avec la troupe. L’occasion pour l’auteur de nous décrire la vie sur les routes, l’organisation du groupe.

    J’ai aimé le jour de foire lorsque les bohémiens rapinent de façon organisée.

    Mais j’ai décidément trouvé la première partie trop longue, car on sent que le propos de l’auteur a pour visée principal les sans-famille, les sans-patrie, comme il le dit si bien à la fin de son roman. Alors pourquoi interviennent-ils si tard dans son livre ?

    Une belle ode à la liberté et à la forêt.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de Jean-le-blanc faisant cracher le venin des vipères.

    http://alexmotamots.fr/le-camp-des-autres-thomas-vinau/


  • Conseillé par (Libraire)
    19 octobre 2017

    Si "je" est plein d'autres, Thomas Vinau a choisi son camp, celui des autres.

    Suivre Gaspard, cet enfant qui déserte un foyer qui n'en est plus un, voilà ce que Thomas Vinau nous propose dans ce quatrième roman. Le petit insoumis choisit la forêt pour refuge, sur son chemin, il rencontre la caravane à pépère, celle des oubliés, des réfugiés, des migrants, des sans-foyer, des apatrides, des sans-papiers, de tous ces autres épris de liberté. Un écho actuel aux Brigades du Tigre et à un certain Capello.
    Thomas Vinau fait appel à son humanité à fleur de mots pour nous décrire avec poésie cette course à la vie.

    « Le camp des autres » est une lecture urgente et nécessaire pour aujourd'hui et pour hier. Contre cette négation de l’autre dès lors qu’il est « autre ».